Abonnés

Comptabilité

Crise sanitaire, quelle communication dans les comptes 2020 ?

Publié le 5 mars 2021 à 10h00

Advolis Orfis

Dans un contexte d’arrêté de comptes marqué par l’incertitude, la présentation transparente des incidences de la crise sanitaire sur l’activité et la performance constitue un enjeu majeur de l’information financière 2020. Quels enseignements tirer des premières publications ?

Par Patrick Iweins, associé, Advolis Orfis

1. Rappel des principales recommandations 2020 de l’AMF

Après les avoir sensibilisés à l’importance d’une gouvernance et d’un dispositif de contrôle interne renforcés, l’AMF recommande aux émetteurs la communication d’informations spécifiques et détaillées sur tous les sujets utiles à la compréhension de leurs comptes et de leur situation (jugements et estimations importants).

S’agissant de la crise sanitaire, l’AMF insiste sur trois points :

- description de ses conséquences sur l’activité : la présentation des effets, non isolés au compte de résultat, doit s’accompagner de la méthodologie suivie pour leur identification et leur mode de calcul (historique, budget, estimés…) ;

- réalisation des tests de dépréciation (présentation des hypothèses clés retenues, d’analyses de sensibilité pertinentes …) ;

- informations détaillées sur le risque de liquidité et la continuité d’exploitation afin d’en apprécier la nature et l’ampleur : en cas d’enjeu dans les 12 mois de la clôture, la transparence doit porter sur les hypothèses (indicateurs, horizon,…) justifiant le maintien du principe de continuité d’exploitation et les incertitudes associées. 

2. Description des incidences liées à la crise dans les comptes 

Sur la base des comptes consolidés publiés1, tous les émetteurs y dédient une note dans l’annexe.  

La plupart donnent une information qualitative sur les principaux effets de la crise :

- incidence sur leurs marchés (évolution du trafic aérien, baisse de revenus liés à l’itinérance et aux ventes d’équipements, diminution de ressources publicitaires, réduction de la consommation d’électricité, déclin de la demande de produits électriques…) ;

- mesures d’adaptation de leur outil de production ou de commercialisation (réduction de la capacité de sièges passagers offerts, adaptation de programmes d’arrêts de réacteurs, organisation logistique, …) ;

- plans d’économie et autres mesures (préservation de la santé des salariés, soutien des clients, …).

S’agissant du chiffrage, les solutions varient :

- une majorité d’émetteurs chiffrent certains effets (impact de l’activité partielle, surcoûts sanitaires, économies réalisées, réévaluation des provisions pour dépréciation, …) ; 

- d’autres renvoient aux notes sur les estimations comptables (tests de dépréciation, recouvrabilité des actifs d’impôts différés, dépréciation des créances clients, …).

- certains, tel EDF, les déterminent, voire estiment l’impact sur l’EBE, sur la base d’un reporting spécifique. 

3. Informations sur le risque de liquidité et la continuité d’exploitation

La note dédiée de l’annexe présente le montant des liquidités, des lignes de crédit non utilisées ainsi qu’une synthèse des mesures de gestion du risque de liquidité2 :

- mobilisation des financements existants et mise en place de nouveaux ;

- reports d’investissements, décalages de trésorerie (cotisations sociales, taxes …) ;

- préservation de la génération de cash-flow libre (mesures d’adaptation de l’outil industriel, de réduction des coûts, de contrôle du besoin en fonds de roulement…) ;

- absence de versement du dividende,… 

Seul Air France KLM3 y apprécie l’hypothèse de continuité d’exploitation à horizon d’au moins un an et présente :

- le scenario permettant de conclure à un niveau de liquidité suffisant au regard de la trésorerie actuelle et du budget 2021 (augmentation progressive de la demande passagers, leviers mis en œuvre) ;

- la simulation d’un scenario dégradé (baisse additionnelle de 10% de l’activité 2021) sans incidence sur la continuité d’exploitation (coûts variables, mesures d’atténuation supplémentaires) ;

- les travaux sur des projets de financement (amélioration des fonds propres, apport de nouvelles liquidités).

Sans exclure d’autres scenarios défavorables, leur probabilité ou leur impact n’apparaissent pas suffisants pour remettre en cause la continuité d’exploitation.

4. Conclusion 

Ces premiers éléments confirment l’importance accordée par les émetteurs à une information pertinente sur les effets de la crise, en ligne avec les recommandations du régulateur. Ils mériteront d’être complétés à la lecture des rapports de gestion et des publications de groupes de moindre taille. A suivre … 

Les dernières lettres professionnelles

Voir plus

Dernières nominations

Voir plus

Les dernières Lettres Professionnelles

Voir plus

Dans la même rubrique

Abonnés Compliance & Cybersécurité : Regard croisé sur l’identification et l’anticipation des risques dans les opérations de M&A

Dans un contexte économique où les fusions-acquisitions (M&A) représentent un vecteur principal de...

Abonnés E-invocing & e-reporting : facture électronique, le temps de l’action

Après de multiples décalages et ajustements sur les fonctionnalités de la plateforme technique...

Abonnés Nullité en droit des sociétés : la réforme est arrivée !

L’ordonnance du 12 mars 2025 vient apporter simplification et clarification au régime de nullité du...

Voir plus

Chargement en cours...

Chargement…