Industriels et distributeurs retiennent leur souffle au lancement des négociations commerciales 2024. Rarement une saison de négociations commerciales aura été aussi lourde d’enjeux et chargée de contraintes légales de toutes sortes. Et jamais le Gouvernement ne s’était intéressé au sujet d’aussi près.
Après une inflation moyenne de 5,2 % en 2022, estimée par l’Insee à un niveau similaire en 2023, Bercy a estimé nécessaire de prescrire les grands remèdes, avec deux principaux objectifs. Le premier : freiner l’inflation des prix à la consommation et, avec elle, les tensions sociales que celle-ci alimente depuis deux ans. Le second, trop rarement évoqué par les médias et que certains ignorent encore : freiner l’explosion de la charge de la dette, étant rappelé qu’une partie de la dette publique française est indexée sur l’inflation, circonstance de nature à accroître l’inquiétude des agences de notation financière. Bref, tous les moyens semblent bons pour tenter de dominer l’inflation, y compris la législation ayant trait aux négociations entre fournisseurs et distributeurs, thème la plupart du temps absent du débat public. Au sein de la chaîne de valeur, c’est aux distributeurs que revient implicitement le rôle d’amortisseur de l’inflation. Cela est-il toutefois réaliste si l’on garde à l’esprit les déclarations de M.-E. Leclerc, selon lesquelles il faudrait s’attendre à une décennie entière d’inflation ? Au-delà de l’activisme bravache affiché par le législateur, il n’est pas du tout acquis que la démultiplication des lois permette de juguler le phénomène de hausse des prix. De fait, depuis 2022, jamais les pouvoirs publics n’ont marqué un tel degré d’immixtion dans les relations entre les acteurs économiques.
Première mesure d’urgence, issue de la loi dite « anti-inflation...