Si la Fed est certaine d’augmenter ses taux d’intérêt en 2022, la Banque Centrale Européenne ne l’exclut plus. Elle prend en compte une hausse des prix persistante, l’inflation sous-jacente se rapprochant de la cible de moyen terme fixée par la BCE à 2 %. Pour autant, la politique monétaire resterait favorable à l’économie, avec des taux réels durablement négatifs.
Christine Lagarde refuse avec constance toute comparaison de la BCE avec la Fed, l’économie de la zone euro et celle des Etats-Unis étant très dissemblables. « Nous venons de retrouver notre niveau d’activité d’avant la pandémie, l’économie américaine, elle, est 10 % au-dessus », a-t-elle souligné le 3 février, lors de la conférence de presse qui suivait la réunion des gouverneurs de la BCE. Il n’empêche. Imitant en cela la Fed, qui a publié fin décembre des « minutes » témoignant d’une évolution notable de l’état d’esprit des dirigeants de la Banque centrale américaine, de plus en plus enclins à relever sensiblement les taux d’intérêt, la présidente de la BCE a surpris les marchés. Non pas en annonçant une nouvelle politique monétaire, mais en changeant simplement de ton au sujet de l’inflation : celle-ci, admet-elle, ne sera pas vraiment transitoire. Christine Lagarde met en avant une hausse des prix plus élevée que prévu en début d’année, et qui ne vient plus seulement du secteur de l’énergie. L’inflation a atteint 5,1 % sur un an en janvier, chiffre qui a surpris aussi bien le marché que la BCE, laquelle s’attendait à un reflux par rapport aux données de décembre (+ 5 %). « L’inflation en zone euro vient pour moitié de l’énergie, souligne Vincent Manuel, directeur des investissements chez Indosuez Wealth Management. Mais, hors énergie, elle atteint tout de même 2,6 %, ce qui reste au-dessus de l’objectif de la BCE. Celle-ci s’attend à ce que les effets liés à l’énergie et aux chaînes d’approvisionnement s’apaisent mais soient remplacés par une hausse des prix des autres biens et services, à travers les salaires. »