Aux Etats-Unis et encore plus en Europe, les banques centrales font face à un conflit d’objectifs : elles veulent lutter contre l’inflation mais aussi maintenir des conditions de financement favorables, au profit d’Etats endettés qui doivent continuer d’investir. Les taux d’intérêt devraient en conséquence rester modérés.
Les banquiers centraux, qui insistaient encore, au début de l’automne dernier, sur le caractère transitoire de l’inflation, étaient évidemment loin d’imaginer les pics auxquels il faut désormais s’attendre. S’agissant de la zone euro, la hausse des prix, qui a atteint 7,5 % sur douze mois, en mars, devrait s’élever à près de 8 % avant l’été. « Selon nos dernières prévisions, l’inflation pourrait être de 7,7 % en juin, ce serait là son pic », affirme Nadia Gharbi, économiste senior chez Pictet Wealth Management, qui prévoit + 6,6 % en moyenne sur l’ensemble de l’année. La hausse des prix de l’énergie et des matières alimentaires, renforcée par le conflit ukrainien, est à l’origine de cette dérive vers des niveaux inconnus en Europe depuis quarante ans. L’emballement serait encore plus net outre-Atlantique. « Aux Etats-Unis, on va vers les 10 % d’inflation », estime Patrick Artus, conseiller économique de Natixis.
Une situation inédite
Comment réagiront les dirigeants des banques centrales face à cette situation inédite pour la plupart d’entre eux ? Des deux côtés de l’Atlantique, la préoccupation affichée est désormais celle de la lutte contre l’inflation.
C’est le cas bien sûr aux Etats-Unis, où l’évolution actuelle des prix ravive les souvenirs de ceux qui ont connu les années 1970. Du reste, Jerome Powell, le président de la Fed, qui avait 28 ans quand son prédécesseur Paul Volcker s’est attaqué franchement à l’inflation, en 1981, ne cesse, dans ses interventions récentes, de se référer à lui....