Quatre ans après sa création, le marché français obligataire privé poursuit son évolution. Depuis quelques semaines, les émetteurs peuvent en effet émettre des Euro-PP «à libération fractionnée». Ce format, déjà utilisé aux Etats-Unis, leur permet d’étaler dans le temps l’encaissement d’une somme sécurisée en amont auprès d’investisseurs.
En février dernier, le spécialiste des énergies renouvelables UNITe et la société active notamment dans l’archivage et la dématérialisation des documents Groupe AM Trust ont levé respectivement 10 millions d’euros et 7,5 millions d’euros sous un format jusqu’alors inédit sur le marché obligataire privé français : un Euro-PP… «à libération fractionnée» ! A la différence d’un placement privé «classique», celui-ci permet aux émetteurs de demander le versement de la somme récoltée auprès des investisseurs en plusieurs tranches espacées dans le temps. Ils ont toutefois l’obligation de lever l’intégralité du montant sécurisé. «Ce mode de financement, qui existe depuis plusieurs années sur le marché obligataire privé américain (USPP), commence à intéresser un nombre croissant d’entreprises françaises», confie Floriano Ascensao, directeur exécutif chez Crédit Agricole CIB.
Il faut dire que ce mécanisme présente plusieurs avantages pour les emprunteurs. D’abord, il permet de limiter les coûts de portage. Les directeurs financiers peuvent en effet sécuriser les fonds nécessaires à la réalisation de projets d’investissement à moyen terme, sans pour autant devoir gérer une trésorerie inutilement abondante dans l’environnement de taux bas actuels. Ensuite, il se traduit par un gain de temps pour l’ensemble des parties prenantes. «Non seulement ce modus operandi évite aux directions financières d’avoir à répéter plusieurs fois le processus d’une levée de fonds (préparation de la documentation, rencontres avec les prêteurs potentiels, etc.), mais il permet également aux investisseurs de ne mener qu’une seule due dilligence», souligne Floriano Ascensao.