Les sociétés d’acquisition à vocation spécifique (SPAC) américaines et européennes ont levé quelque 215 milliards de dollars depuis janvier 2020. Ces véhicules séduisent à la fois les investisseurs, leurs promoteurs et les entreprises cibles en raison de leur sécurité et de leur flexibilité apparentes. Mais gare aux désillusions...
Ces dix-huit derniers mois, les sociétés d’acquisition à vocation spécifique (SPAC) ont connu un succès fulgurant. Depuis janvier 2020, plus de 600 de ces « coquilles vides » cotées en Bourse, dont la vocation est d’acquérir des entreprises à fort potentiel dans un délai d’un à trois ans, ont levé 215 milliards de dollars sur le marché primaire, soit davantage que les sociétés traditionnelles. En soi, la formule n’est pas nouvelle : dans les années 1980, les « blank check companies » avaient envahi Wall Street avant que le régulateur ne leur donne un coup d’arrêt (voir encadré p.12). Mais à la différence de celles-ci, les SPAC se sont largement internationalisées…
Ainsi, près de 15 milliards d’euros ont été levés par ces entités en Europe au cours de l’année écoulée. Après avoir lancé en 2016 la première SPAC française, Mediawan, Xavier Niel et Matthieu Pigasse, accompagnés cette fois par Moez-Alexandre Zaouri, ont introduit 2MX Organic sur Euronext Paris en décembre dernier. Doté de 250 millions d’euros, leur véhicule évolue aujourd’hui dans l’industrie de la consommation durable. Quelques semaines plus tard, la société de gestion Tikehau, la Financière Agache et le banquier d’affaires Jean-Pierre Mustier ont, pour leur part, coté leur première « société écran » à la Bourse d’Amsterdam, et levé 500 millions d’euros. En mai dernier, Accor est devenue la première entreprise française à mettre en place un tel véhicule, pourvu de 300 millions d’euros et actif dans ses divers...