La récente décision du conseil d’administration de Renault de maintenir l’attribution de la rémunération de Carlos Ghosn en dépit de son rejet par une majorité d’actionnaires soulève des interrogations sur la pertinence du «say on pay» consultatif. Certains conseillers en gouvernance promeuvent un modèle de vote plus contraignant.
C’est un passage en force qui ne passe pas. Le 29 avril dernier, les actionnaires de Renault votaient à 54 % contre la rémunération de 7,25 millions d’euros accordée au président-directeur général Carlos Ghosn au titre de l’exercice 2015, du jamais vu depuis l’instauration du say on pay en France il y a trois ans. Mais en dépit de cette opposition, le conseil d’administration du constructeur automobile a décidé de maintenir l’enveloppe inchangée, à l’issue d’une réunion qui aurait duré… une quinzaine de minutes ! «Par cette action, les administrateurs donnent aux marchés l’image d’une entreprise n’étant pas à l’écoute de ses actionnaires, ce qui est de nature à affecter durablement sa réputation», indique Fabrice Rémon, fondateur de Gouvernance en Action.
Surtout, cette décision remet en question la pertinence du modèle français du vote consultatif sur les rémunérations. «Elle démontre en effet que les actionnaires ne peuvent pas réellement empêcher le versement d’un salaire qu’ils jugent inapproprié, alors que cela représente l’esprit même du say on pay», regrette Loïc Dessaint, directeur général de l’agence de conseil de vote Proxinvest.
La situation pourrait toutefois ne pas en rester là, tant l’«affaire Renault» a suscité de réactions. Le président du Medef Pierre Gattaz s’est déclaré «gêné» par l’attitude des administrateurs du groupe, alors que le Haut Comité du gouvernement d’entreprise, chargé du suivi de l’application du code Afep-Medef, a décidé d’examiner le dossier....