En pleine ébullition, le marché des cryptopaiements traverse actuellement de sérieuses turbulences. Annoncé en grande pompe cet été, le libra est attaqué par les autorités, qui l’accusent de mettre en péril la stabilité financière mondiale. En France, la première initiative visant à démocratiser les cryptopaiements dans la distribution se heurte au scepticisme de certaines enseignes.
Le 14 octobre dernier, Facebook et ses partenaires du consortium Libra se retrouvaient à Genève pour poser officiellement la première pierre de leur projet de devise numérique internationale. Un événement au cours duquel les 21 entreprises et organisations à but non lucratif présentes ont signé la charte fixant les règles de gouvernance de l’association et annoncé la création d’un conseil d’administration de cinq membres. L’événement se voulait solennel, alors même que l’avenir de l’initiative est aujourd’hui loin d’être garanti.
En effet, régulateurs et gouvernants du monde entier sont vent debout contre ce futur système de paiement à très grande échelle qui, affirment-ils, menace la stabilité financière mondiale.
«Les autorités craignent que le libra ne détourne des centaines de millions d’utilisateurs des monnaies conventionnelles et n’entame donc la capacité des banques centrales à garantir leur stabilité et l’efficacité des politiques monétaires, indique Clément Jeanneau, cofondateur de Blockchain Partner. Elles redoutent également de voir le libra servir de véhicule au blanchiment de capitaux ou au financement d’activités illicites.» Une appréhension relayée encore dernièrement par le G7. Dans un rapport sur les «stablecoins» (dont le libra fait partie), devises numériques peu volatiles du fait de leur indexation sur des actifs stables, ce dernier estime «qu’aucun projet mondial de cryptomonnaie stable ne devrait être mis en œuvre tant que les défis et les risques sécuritaires (…) n’auront été adressés».
Une cible de 2 milliards d’utilisateurs
Echaudés par le scandale Cambridge Analytica, les adversaires du libra accusent par ailleurs celui-ci de n’être qu’un vecteur pour collecter et exploiter des quantités massives de données financières.
«Additionnée aux données sociales que détient d’ores et déjà Facebook, cette manne conférerait aux membres de l’association un pouvoir d’influence dont...