Après un exercice 2023 difficile, l’année semble démarrer sous de meilleurs auspices pour les levées de fonds de la Fintech française. Prudents, les investisseurs misent avant tout sur les projets permettant aux entreprises d’atteindre la taille critique ou de se développer à l’international. Les opérations supérieures à 100 millions d’euros demeurent toutefois exceptionnelles.
La Fintech serait-elle en passe de redevenir attractive pour les investisseurs ? La levée record de 1,5 milliard d’euros annoncée par la start-up britannique Sumup au début du mois de mai a créé un certain émoi au sein de l’écosystème. Certains experts y voient même le début de la fin d’une crise de financement harassante pour les start-up de la finance. Mais pour l’heure, ce tour de force semble plutôt être un cas isolé. « C’est une bonne nouvelle pour l’écosystème fintech, mais attention à ne pas surévaluer la portée d’une telle opération, prévient Didier Valet, ex-numéro 2 de Société Générale et co-fondateur du fonds d’investissement Varsity. D’autant que sa structure est un peu particulière puisqu’il s’agit de dette privée et non d’equity, ce qui explique qu’ils aient pu atteindre un tel montant. »
A ce stade, il est donc trop tôt pour interpréter ce tour de table comme étant le premier d’une longue série de méga-levées pour la fintech européenne. Mais sa structuration en dette privée témoigne toutefois d’une diversification des sources de financement intéressante pour le secteur, et ouvre de nouveaux horizons. « Ce financement intervient dans un moment pivot pour Sumup, durant lequel le scale-up commence à générer de l’argent, avec un Ebitda positif depuis fin 2022, et Sumup n’est donc plus obligée de lever uniquement de l’equity – solution dilutive – car sa consommation de fonds propres par les pertes liées à son développement initial n’existe plus, souligne Didier Valet. Elle peut ainsi s’endetter plus facilement pour financer sa croissance. »