Explications avec Karim Souiah, product marketing manager au sein de la business unit Finance de Cegid. Alors que la plupart des entreprises devront, à terme, respecter la réglementation sur la CSRD, la question de la collecte et de la structuration des données nécessaires à la réalisation des reportings extra-financiers s’impose de plus en plus. Véritable réceptacle de données, les ERP ont, en la matière, un rôle essentiel à jouer.
Quelles sont les entreprises concernées par la CSRD ?
La CSRD représente une avancée significative dans le domaine du reporting durable. Certes, une législation imposait déjà à certaines entreprises, depuis une dizaine d’années, de réaliser des bilans carbone.
D’autre part, l’engagement ESG des entreprises étant de plus en plus plébiscité dans les appels d’offres, la réalisation de ces bilans s’est peu à peu étendue à des organisations qui jusqu’à présent n’étaient pas forcément concernées par la réglementation. Néanmoins, la directive européenne sur la CSRD devrait accélérer cette tendance et élargir le champ des obligations au-delà du seul bilan carbone. Transposée sur le plan français depuis le mois de janvier, elle concerne pour le moment uniquement les entreprises cotées. Son champ d’application va cependant s’étendre aux sociétés réalisant plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires, ou 20 millions de total bilan et/ou avec plus de 250 salariés en 2026, puis aux PME cotées à compter de 2027, pour enfin se généraliser à toutes les entreprises à l’horizon 2030. D’autre part, la CSRD s’applique aux entreprises de l’Union européenne ainsi qu’à leurs entités situées hors d’Europe dans la mesure où elles opèrent de manière significative en Europe.
Enfin, et contrairement à d’autres législations mises en place dans d’autres pays du monde, la CSRD introduit la notion de double matérialité. Le concept de double matérialité est l’évaluation des risques et opportunités ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) sous deux angles : l’impact financier des questions de durabilité sur l’entreprise (matérialité financière) et l’impact des activités de l’entreprise sur la société et l’environnement (matérialité d’impact).
Cette directive est donc fortement impactante pour les entreprises ?
En effet, le principe de double matérialité et son impact sur les organisations ne sont pas toujours bien appréhendés par les entreprises. D’autre part, la CSRD est particulièrement exigeante en termes de rapports extra-financiers, qui devront être très détaillés sur les sujets ESG. A cet effet, sa mise en application dans les entreprises requiert des compétences et du temps pour la rédaction des rapports mais aussi pour justifier le travail fait et les méthodes appliquées, notamment pour collecter, concaténer et structurer les données ESG. Les rapports devront d’ailleurs être certifiés par des organismes habilités (commissaires aux comptes, cabinets de conseil, experts indépendants…). Dans le cadre de cette directive, l’entreprise doit également être en mesure de justifier les procédures mises en place pour améliorer son engagement ESG. Il peut par exemple s’agir de mesures prises pour réduire son impact carbone.
Comment les entreprises peuvent-elles se mettre en conformité avec la CSRD ?
Si les grandes entreprises n’hésitent pas à recourir à des cabinets de conseil pour les accompagner dans ces démarches, ce n’est pas le cas des ETI et PME, qui, pour leur part, tendent plutôt à confier cette mission à leur DAF. La tâche sera d’autant plus complexe pour la direction financière qu’elle ne dispose souvent ni du budget ni des ressources humaines pour la mener à bien. Il existe néanmoins des solutions techniques adaptées à leur profil pour les accompagner dans ces différentes démarches. De nombreux acteurs proposent aujourd’hui des plateformes SaaS permettant aux entreprises d’exploiter et valoriser la donnée, établir des rapports extra-financiers et/ou réaliser des bilans carbone. Tout l’enjeu pour les entreprises consiste plutôt à collecter ces données pour les transmettre à ces plateformes.
En quoi l’ERP est-il indissociable de la réalisation de ces rapports extra-financiers ?
Les données requises pour l’élaboration des reportings extra-financiers sont souvent au cœur de l’ERP en place dans l’entreprise. C’est ainsi la raison pour laquelle Cegid, en qualité d’éditeur d’ERP, a un rôle essentiel à jouer sur le sujet. Nous mettons à la disposition des entreprises un outil qui permet de collecter toutes les données concernant les sujets environnementaux et le bilan carbone de l’entreprise dans nos outils de comptabilité, gestion des immobilisations, gestion des achats ou encore gestion des ressources humaines.
Cet outil permet ensuite de concaténer et structurer ces données afin d’éviter les doublons, redondances et croisements, et de les rendre ainsi intelligentes. Nous proposons ensuite de qualifier et catégoriser ces données. L’entreprise n’aura alors plus qu’à les exporter vers les plateformes de reporting extra-financier ou de calcul du bilan carbone. Nous prévoyons également d’utiliser l’IA pour optimiser cette collecte.