Fondée pour répondre à un enjeu européen de souveraineté technologique, la start-up SiPearl est en passe de réussir le pari de financer le développement de son microprocesseur dédié au calcul de haute performance. L’entreprise peut compter sur l’appui de l’Union européenne, de l’Etat français et d’un écosystème d’entreprises européennes pour atteindre son objectif, grâce à une levée de fonds de 90 millions d’euros.
« Nous sommes très loin d’une start-up classique de la French Tech, ce que nous faisons, c’est de la deep tech. » C’est ainsi que Philippe Notton, président-fondateur de SiPearl, décrit cette entreprise qui conçoit des microprocesseurs dédiés au calcul de haute performance (HPC), susceptibles d’être utilisés dans des secteurs aussi variés que la recherche médicale, la simulation d’essais nucléaires ou encore la météorologie. « Pour produire ces microprocesseurs, il faut de grosses équipes, plus de 200 personnes, et entre 100 et 200 millions d’euros d’investissements initiaux », souligne-t-il. Malgré les coûts fixes affichés, les longues années de recherche et développement exigées par cette technologie ou même l’impossibilité pour l’entreprise de montrer aux investisseurs un quelconque prototype avant le produit fini, SiPearl a annoncé en avril avoir bouclé une levée de fonds en série A à hauteur de 90 millions d’euros, qui doit lui permettre de produire d’ici le début de l’année 2024 Rhéa, le premier microprocesseur HPC européen.
Si les investisseurs acceptent d’avancer de telles sommes, c’est parce que la construction de Rhéa s’inscrit dans un projet politique européen de souveraineté en matière de nouvelles technologies. En effet, en 2018, l’Union européenne crée l’entreprise commune européenne pour le calcul de haute performance (EuroHPC JU) qui doit permettre la construction de supercalculateurs européens capables de se mettre à niveau par rapport aux concurrents internationaux, notamment les Etats-Unis et la Chine.