Selon vous, quels sont actuellement les leviers de développement de l’innovation en France ?
Les entreprises françaises bénéficient des différents dispositifs d’aides mis à leur disposition par les Pouvoirs publics pour les phases de recherche et de développement : le Crédit d’impôt recherche (CIR), le statut de jeune entreprise innovante (JEI) et le renforcement des aides Oséo. Ces différentes aides permettent de financer une partie de l’innovation créée, d’accélérer la commercialisation de solutions et de recruter des talents. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour que nos entreprises puissent se développer plus rapidement et innover toujours plus.
Quels sont les freins à lever ?
Tout d’abord, l’environnement fiscal et juridique est changeant et ne permet pas assez aux entreprises de se projeter, d’innover et de prendre des risques. Nous avons besoin d’un environnement plus stable et de la pérennité des mesures prises, quel que soit le calendrier politique.
Ensuite, la France souffre d’un déficit chronique de business angels et plusieurs centaines de projets chaque année ne voient pas le jour faute de financeurs. Pourquoi ne pas créer un statut d’auto-investisseur, permettant à des milliers de citoyens de diriger une partie de leur épargne vers le financement de jeunes pousses ?
Enfin, l’esprit d’entreprise est encore perçu de façon négative, parce qu’il est mal connu. La culture du risque et de la création doit être valorisée et suscitée dès le plus jeune âge, tout au long de la scolarité de nos enfants. Il est temps de développer de véritables passerelles d’échanges entre le monde entrepreneurial et celui de l’enseignement scolaire et supérieur.
Quelles seraient les mesures incontournables pour accompagner davantage les PME et les ETI innovantes dans les quatre ans à venir et renforcer ainsi leur compétitivité au niveau mondial ?
Il est essentiel de pérenniser le dispositif du Crédit impôt recherche (CIR) mais aussi d’en optimiser le fonctionnement, en y incluant les dépenses de l’ensemble du cycle d’innovation (exemple : le développement et les tests des services associés aux produits innovants). De même, la fiscalité appliquée aux PME et ETI innovantes doit évoluer. L’efficacité de l’appareil fiscal s’apprécie aussi sur sa capacité à générer des comportements vertueux. De nos économies où l’innovation entrepreneuriale est le moteur de la croissance future, le système d’imposition devrait aussi intégrer la prise de risque des entrepreneurs et des investisseurs. Et ainsi, taxer différemment les revenus issus de la prise de risque et ceux de la rente.
D’autre part, le Gouvernement doit comprendre qu’une entreprise innovante, dans un contexte de compétition internationale de plus en plus forte, a besoin d’agilité. Elle doit pouvoir se structurer de façon dynamique, en permanence, pour s’adapter aux nécessités du marché. Il faut donc réformer massivement le code du travail, et notamment y apporter davantage de flexibilité. Revoir la durée légale du temps de travail et l’annualiser au niveau national serait gagnant pour les entreprises, les salariés mais aussi pour les Pouvoirs publics et pour l’emploi en général.
Nous devons également améliorer notre approche des marchés extérieurs pour augmenter notre potentiel à l’exportation. Nous pourrions renforcer les réseaux d’entreprises françaises et la solidarité entre grands groupes et PME, comme le font les entreprises allemandes. Les challenges à relever sont importants mais le moral des entrepreneurs est sans faille pour grandir ensemble.
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