Après une troisième baisse des taux d’intérêt non prévue jusqu’à la publication récente d’indicateurs inquiétants pour l’économie européenne, la BCE pourrait frapper fort en décembre, en baissant de 50 points de base son principal taux directeur (facilité de dépôt). C’est ce qu’anticipent de plus en plus d’investisseurs. Quoique plus prudents, la plupart des économistes tablent aussi sur une accélération de l’assouplissement monétaire, pour faire face au risque, évoqué par le gouverneur de la Banque de France, de voir la hausse des prix tomber durablement trop bas, sous les 2 %.
Lors de chaque conférence de presse suivant l’annonce de décisions de politique monétaire, Christine Lagarde rappelle avec insistance que la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas de plan de marche préétabli pour l’évolution des taux d’intérêt, étant « data dependent » (tributaire des données économiques publiées). La BCE a prouvé le 17 octobre qu’elle l’était réellement, décidant de baisser ses trois taux directeurs de 25 points de base (la rémunération de la facilité de dépôt étant ramenée à 3,25 %) au vu des derniers chiffres disponibles, alors même que, lors de la précédente réunion des gouverneurs, le 19 septembre, un tel assouplissement en octobre paraissait exclu. Entre-temps ont été publiées des données montrant une inflation en net recul en septembre, tombant contre toute attente à 1,7 % sur un an en zone euro – un rebond technique est toutefois attendu en fin d’année –, et des indicateurs d’activité économique (PMI) bien plus faibles que prévu. L’indice composite des directeurs d’achat (PMI) de la zone euro, estimé par S&P Global, est tombé à 48,9 en septembre, contre 51,0 en août, s’établissant pour la première fois depuis février en dessous de la barre des 50, qui sépare la croissance de la contraction.
De quoi inciter la BCE à décider, à l’unanimité, y compris les gouverneurs les plus « hawkish » (favorables à une politique monétaire très ferme), de baisser les taux. Car le niveau actuel des taux d’intérêt contribue toujours à freiner l’économie, et donc à faire...