Les deux ministres issus de la droite cultivent chacun leur pré carré : les grands patrons pour l’un, les députés LREM pour l’autre. Mais leur marge de manœuvre politique reste limitée face à Emmanuel Macron. Ils mettent en œuvre avec zèle les ordres du président de la République qui tient leur sort entre ses mains.
C’est le survivant d’un crash qui débarque à Bercy, ce 17 mai 2017. Meurtri par son score lilliputien à la primaire des Républicains, rallié à François Fillon pour la pire campagne que la droite ait connu, honni par sa famille politique en quittant le navire LR, Bruno Le Maire ressuscite au cinquième étage du ministère de l’Economie dans les habits d’un ministre En Marche. Il n’est pas seul. Deux étages au-dessous, Gérald Darmanin vient comme lui de rompre avec son camp pour embrasser l’aventure macroniste, au poste de ministre de l’Action et des Comptes publics. Un an plus tôt, l’un se voyait président de la République, l’autre incarnait la relève dans son parti. Les voilà au sommet de la plus puissante administration du pays, mettant en œuvre le programme de leur nouveau chef, Emmanuel Macron. Avec application, mais pas sans arrière-pensées.
A 48 ans, Bruno Le Maire s’est glissé sans effort dans le bunker de Bercy. «Il est épanoui, il est content de ce qu’il fait, à savoir de la diplomatie économique», observe la députée (Agir, ex-LR) Laure de la Raudière, qui compte parmi ses soutiens. En 2011, le poste lui avait échappé, Nicolas Sarkozy préférant nommer François Baroin.
L’économie, il connaît. L’ancien candidat à la primaire y avait consacré plus de 140 pages dans son épais programme présidentiel, proposant notamment la suppression totale de l’ISF et des emplois aidés. Rien d’incompatible, fondamentalement, avec la feuille de route imposée par Emmanuel Macron, même s’il a dû renoncer à la retraite à 65 ans ou à la baisse de la CSG.