Les banques centrales devraient progressivement réduire leur soutien aux marchés via l’achat d’obligations. Cette perspective tire à la hausse les taux d’intérêt à long terme. En France, les taux à 10 ans sur les obligations émises par le Trésor sont repassés au-dessus de zéro. En Allemagne, le rendement du Bund redeviendrait positif au printemps 2022.
En matière de taux d’intérêt à long terme, fixés par les marchés, le sentiment partagé d’une évolution à venir des politiques monétaires suffit à faire bouger les lignes. Aucune grande banque centrale n’a annoncé clairement un tapering, c’est-à-dire l’arrêt progressif de ses achats de titres obligataires, qui tirerait à la hausse les taux d’intérêt à long terme. « Mais c’est dans l’air du temps », souligne Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. L’annonce par la Banque centrale européenne (BCE) le 9 septembre d’une « légère » réduction du rythme mensuel d’achats de titres – sans remettre en cause le programme d’urgence PEPP, ce qui constituerait, pour le coup, un véritable tapering – a contribué à cette impression. D’autant que « par son discours, insistant notamment sur des perspectives d’inflation révisées légèrement à la hausse, la directrice du FMI, Christine Lagarde, a commencé à préparer le terrain d’un tapering européen », confirme Gilles Moëc, chef économiste d’AXA. En juin, la BCE prévoyait 1,5 % d’inflation au sein de la zone euro en 2022 ; elle table désormais sur 1,7 %. Un discours anticipé par les marchés, qui ont poussé à la hausse les taux d’intérêt à long terme ces derniers jours.
En France, le taux de rendement de l’OAT à 10 ans est repassé le 7 septembre tout juste au-dessus de zéro. En Allemagne, le rendement du Bund, descendu à - 0,55 % début août, est remonté à - 0,32 %. Nombre d’économistes prévoient une poursuite de ce...