Le dollar est non seulement fort, il est aussi surévalué, par rapport à l’euro, notamment. Cette situation risque de durer tant que l’économie américaine affiche des performances de croissance sensiblement supérieures à celles de la zone euro, avec, en conséquence, des taux plus élevés.
Le dollar est fort, chacun peut le constater, avec un cours évoluant sous 1,05 pour un euro depuis la fin du mois de novembre 2024. Son taux de change effectif réel, c’est-à-dire le taux de change vis-à-vis d’un panier des six monnaies les plus importantes, corrigé de l’inflation – pour prendre en compte le pouvoir d’achat réel d’un dollar, après inflation –, est au plus haut depuis 1983 !
Mais ce qui est moins commenté, c’est que la devise américaine est non seulement forte, mais aussi surévaluée. On le constate au vu de l’évolution des parités de pouvoir d’achat. L’euro, qui avait été surévalué par rapport au dollar jusqu’au début des années 2010, est aujourd’hui sous-évalué d’environ 30 %, selon les calculs du FMI. C’est-à-dire qu’un panier de produits vendus en Europe, dont la valeur globale serait convertie en dollars au cours actuel, aurait un prix global inférieur de 30 % à celui des mêmes produits en vente aux Etats-Unis. Cela s’explique d’abord par la montée du cours du dollar, passé, vis-à-vis de l’euro, de 1,22 en mai 2021 à moins de 1,05 aujourd’hui sous l’effet des hausses de taux de la Fed, mais aussi par une inflation américaine supérieure à celle constatée dans les autres grands pays industrialisés. Depuis 2015, les prix à la consommation américains ont augmenté de 33 %, contre une hausse de 20 % en France ou de 22 % en Allemagne, par exemple.
Pas étonnant, dans ces conditions, de constater que les Etats-Unis sont devenus en 2024 le premier pays d’exportation...