Le Medef vient de publier une série de propositions visant à réduire les dépenses publiques et à réaménager la fiscalité, prérequis pour une reprise durable de la croissance. A cette occasion, Pierre Gattaz, son président, et Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président délégué en charge notamment des questions fiscales, font le point sur les réformes en cours à destination des entreprises et sur les efforts à mener pour améliorer leur compétitivité.
Pierre Gattaz, président du Medef
Option Finance : Le gouvernement a décidé de décaler de trois mois, à avril 2016, la mise en place de la baisse des charges sur les salaires compris entre 1,6 et 3,5 fois le smic. Cette décision est-elle préjudiciable pour les entreprises ? Vous fait-elle craindre le report d’autres mesures qui doivent être mises en place dans les deux ans qui viennent (suppression de la surtaxe d’IS, de la C3S, baisse de l’IS…) ?
Pierre Gattaz : Oui, si elle devait se confirmer, cette décision serait extrêmement préjudiciable aux entreprises car elle reviendrait à amputer le Pacte de 25 % des baisses de charges prévues en 2016, soit 1 milliard d’euros. Et on ne change pas les règles du jeu à trois mois de leur mise en œuvre, les entreprises ont besoin de visibilité et de certitude pour investir, embaucher. Et de confiance, aussi. Quel crédit accorder désormais à la parole gouvernementale alors que le président de la République, le Premier ministre et les membres du gouvernement n’ont eu de cesse depuis plusieurs mois et jusqu’à récemment de répéter que le Pacte ne serait remis en cause ni dans son montant, ni dans son calendrier, ni dans ses modalités ? Quant à l’argument avancé selon lequel le milliard dégagé à cette occasion servirait à financer les mesures de suramortissement pour les PME, il est spécieux. Annoncer des mesures qui ne sont pas financées et les «financer» au dernier moment par des transferts d’écriture relève d’une gestion pour ...