Après une année 2022 chahutée et marquée par un fort resserrement des conditions monétaires imposé par les banques centrales, économistes comme investisseurs s’attendent à la fin du cycle de hausse des taux au premier semestre 2023. Toutefois, la Fed envisagerait beaucoup plus vite que la BCE un retour à la baisse du loyer de l’argent.
Sur le front des taux d’intérêt, l’année 2023 devrait être moins agitée que le millésime 2022, qui restera dans les annales comme l’un des pires de l’histoire financière. Pour autant, les incertitudes liées à l’évolution de l’inflation ne vont pas disparaître de sitôt, contraignant les banques centrales, la BCE au premier chef, à continuer de durcir leurs politiques monétaires.
Poussée par des tensions sur l’appareil de production mal anticipées en sortie de crise pandémique, puis attisée en Europe par l’embargo sur le gaz et le pétrole russes, l’inflation a atteint en 2022 des niveaux inconnus depuis les années 1980. La BCE comme la Fed ont réagi d’autant plus fortement à cette hausse des prix que, dans un premier temps, elles n’avaient pas cru à un risque inflationniste prolongé. Des deux côtés de l’Atlantique, jamais une hausse des taux directeurs aussi forte (+ 425 points de base aux Etats-Unis, + 200 pour la zone euro) n’avait été enregistrée dans un laps de temps aussi court, également depuis le début des années 1980, avec, pour conséquence, un véritable krach obligataire : les marchés ont brutalement révisé en forte hausse les anticipations de taux courts décidés par les banques centrales pour les années à venir, qui déterminent les taux d’intérêt à long terme. Ainsi, aux Etats-Unis, les « treasuries » (titres d’Etat à dix ans) ont vu leur rendement grimper de 1,40 % début 2022 à 4,25 %, au plus haut, le 21 octobre. En Allemagne, les obligations d’Etat d’une même maturité (Bund) sont passées d’un rendement négatif début 2022 (- 0,12 %) à 2,45 %, au plus haut fin octobre.