Après un premier semestre calamiteux et un rebond notable cet été, le marché des obligations corporate européennes fait face à une rentrée des plus difficiles. Entre, d’un côté, l’accélération du resserrement monétaire et la perspective d’une récession, et, de l’autre, la solidité des bilans des entreprises et l’attractivité des valorisations, les gérants peinent à se positionner.
C’est une rentrée mouvementée pour les gérants obligataires. Moins habitués aux montagnes russes des marchés financiers que leurs confrères spécialisés dans les actions, ils font face à des à-coups que certains n’hésitent pas à qualifier d’historiques. « Nous n’avons jamais vu une telle volatilité sur les marchés de taux : même lors du krach de 1994, les écarts journaliers n’étaient pas de cette amplitude, témoigne Philippe Berthelot, directeur gestion crédit et monétaire chez Ostrum AM. Cela obère la visibilité, crée de l’incertitude et tend à tétaniser les investisseurs. » Une rentrée difficile dans la lignée du premier semestre. « Les marchés obligataires ont enregistré une sous-performance quasi décennale depuis le début d’année, avec, à fin août, des baisses de l’ordre de 12 % sur le crédit européen, à la fois investment grade et high yield, renchérit Vincent Marioni, directeur des gestions crédit chez Allianz GI. Hors crise sanitaire, il faut remonter à celle de la zone euro pour retrouver de telles conditions de marché. »
Un rallye éphémère
Pourtant, l’été s’est révélé plutôt radieux pour les obligations d’entreprise, à l’image de l’ensemble des actifs risqués. « Le high yield européen a gagné 6,82 % entre le 1er juillet et le 16 août, et l’investment grade, 3,40 %, note Raphaël Thuin, responsable des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital. Pendant l’été, le marché s’est accroché à l’idée d’un atterrissage en douceur de l’économie, avec une inflation qui reviendrait...