Le marché européen compte très peu de fonds qui s’autorisent à vendre à découvert des valeurs mal notées sur le plan extra-financier. Les piètres performances de l’ESG ces dernières années expliquent cette frilosité. Mais c’est aussi la philosophie de l’investissement responsable sur le Vieux Continent qui fait blocage.
Aucune classe d’actifs n’échappe à la vague de l’investissement responsable, pas même la gestion alternative liquide. Dernière initiative en date, le lancement par Candriam d’un fonds actions « long/short » estampillé ESG. « L’objectif principal est de générer pour nos clients une performance absolue décorrélée des marchés en constituant un portefeuille de positions longues et courtes basé sur un ensemble diversifié de critères ESG et financiers », résume la société de gestion. Pour ce faire, les équipes quantitatives dirigées par Bart Goosens collaborent avec celles de l’investissement et de la recherche ESG, chapeautées par Wim Van Hyfte.
A peine 2 milliards d’euros d’encours
Avant Candriam, une poignée d’autres asset managers européens se sont essayés à la création de tels fonds « market neutral » intégrant un filtre extra-financier. Avec jusqu’ici un succès plutôt mitigé. Selon les données compilées pour Option Finance par Morningstar sur la base de sa classification interne des « investissements durables » et arrêtées à fin août, le marché européen en compte moins d’une trentaine. Parmi eux, la moitié seulement font explicitement mention de leur caractère ESG dans leur nom. C’est notamment le cas de ceux lancés par des acteurs comme BNP Paribas Asset Management, Lombard Odier, AQR, Ambienta ou Atlas Responsible Investors. L’encours total reste anecdotique, avec à peine de 2 milliards d’euros. Très peu de nouveaux fonds se lancent et plus d’une dizaine ont même fermé ces trois dernières années, faute de collecte.