Sur fond de vives polémiques, la taxonomie verte européenne se met en place progressivement. Les gérants vont devoir faire évoluer les indicateurs concernant les entreprises et collecter de nouvelles données durables. Un travail qui s’annonce complexe.
Le 2 février dernier, Emmanuel Macron a remporté une importante bataille. Après deux ans de discussions conflictuelles entre Européens, l’acte délégué intègre le gaz et le nucléaire dans la taxonomie, non en tant qu’activités « durables », comme le président l’avait espéré, mais comme « activités de transition ». Ces deux énergies pourront donc bénéficier de la manne des financements destinés aux activités vertes, mais pour une durée déterminée, et sous conditions. Il y a encore deux mois, l’affaire était loin d’être acquise. Il aura fallu au président français s’allier à la Pologne, à la Hongrie et à la République tchèque, affronter des ONG furieuses, faire face au mécontentement du réseau international d’investisseurs soutenu par les Nations unies, les Principles for Responsible Investment (PRI), subir le courroux de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Espagne ou du Danemark hurlant au greenwashing, tenir tête aux scientifiques de la plateforme finance durable de l’Union européenne (UE)… Dès la publication, l’Autriche annonçait qu’elle allait déposer plainte à la Cour de justice de l’UE, si cette version du texte entrait en application.
Un enjeu de taille
Loin du tumulte, la taxonomie doit permettre aux investisseurs d’évaluer leurs placements et de vérifier qu’ils sont en conformité avec les objectifs définis dans le Pacte vert européen, en vue d’atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, ainsi que dans l’accord de Paris. Un groupe d’experts, le TEG (Technical Expert Group) a établi des critères de sélection pour les activités contribuant de façon substantielle à l’atténuation et à l’adaptation aux effets du changement climatique dans 67 secteurs.