Grâce à la nécessité de publier des reportings associés à l’article 173 de la loi sur la transition énergétique et à la suite des engagements pris à la COP 21, gérants et institutionnels ont affiné leur méthodologie pour calculer l’empreinte carbone de leur portefeuille. Celle-ci porte maintenant sur de nombreuses classes d’actifs y compris des actifs non cotés. Pour autant, les spécialistes de l’investissement buttent encore sur des difficultés méthodologiques, notamment dans le cadre du calcul des émissions indirectes et évitées. Pour progresser, les investisseurs institutionnels cherchent à se fixer des objectifs quantitatifs et développent des expertises en interne. Ils sont épaulés dans leur stratégie par les sociétés de gestion.
- Schématiquement, en quoi consiste votre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique et quel est son périmètre ?
- Est-ce qu’il n’est pas nécessaire pour progresser dans la lutte contre le réchauffement climatique de prendre, comme certains d’entre vous, des engagements chiffrés ?
- Toutes les entreprises charbonnières doivent-elles être exclues des portefeuilles ?
- Est-ce que les scénarios sur des horizons très longs ont du sens ?
- Le calcul de l’empreinte carbone repose sur l’utilisation de plusieurs «scopes», les deux premiers font quasiment l’unanimité à la différence du 3e. Est-ce que vous avez recours à l’ensemble de ces scopes ?
- Malgré ces difficultés méthodologiques, le calcul d’une empreinte carbone est-il possible pour toutes les classes d’actifs ?
- Quel est l’apport des indices bas carbone à la gestion d’actifs ?
- Compte tenu de l’hétérogénéité des pratiques, les investisseurs institutionnels doivent-ils développer en interne une expertise sur ces sujets ?
Schématiquement, en quoi consiste votre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique et quel est son périmètre ?
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Pierre-Henri Louvel, gérant actions à la Caisse des Dépôts : Nous appliquons notre politique bas carbone à deux classes d’actifs : les actions et les obligations. La Caisse des Dépôts s’est engagée avec ses filiales la CNP et bpifrance au moment de la COP 21 à réduire de 20 % son empreinte carbone à horizon 2020 pour ses portefeuilles actions. Nous avons été au-delà de cet objectif puisque fin 2017, la réduction s’élevait déjà à 27 %. Nous avons pris, à la fin de l’année dernière, un nouvel engagement de ce type pour les portefeuilles obligataires : – 20 % toujours à fin 2020. Nous calculons nous-mêmes l’empreinte carbone : une fois par an, nous réalisons une projection modélisée de l’empreinte carbone des entreprises en portefeuille jusqu’à cette échéance. Pour cela, nous échangeons avec les entreprises par rapport à leur stratégie dans ce domaine et à leurs objectifs. Nous associons ainsi une analyse statique de l’empreinte carbone à une analyse dynamique.
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Yann Duvaud Schelnast, responsable des stratégies d’investissement durables chez Allianz France : Nous adressons la problématique ESG en trois étapes. En premier lieu, nous avons défini au niveau du groupe une stratégie d’exclusion. Le groupe Allianz a annoncé au mois de mai dernier qu’il cessait immédiatement d’assurer les centrales thermiques au charbon et les mines de charbon en activité ou en projet. Par ailleurs, nous appliquons les critères ESG à nos portefeuilles en nous appuyant sur des outils d’évaluation...