Quelles sont vos anticipations quant à l’évolution des taux d’intérêt et quelles conséquences en tirez-vous en termes d’allocation d’actifs ?

Notre conviction est que les taux d’intérêt et les écarts de rendement sur le crédit (spreads) vont rester durablement bas en Europe en raison d’une sortie très progressive des politiques monétaires très accommodantes. Pour autant et dans un contexte de résurgence inflationniste, cela n’empêchera pas les taux d’intérêt de connaître, comme lors des deux années précédentes, un régime de volatilité marquée.
En termes d’allocation et de gestion de portefeuilles assurantiels, il va donc falloir continuer à aller chercher du rendement sur les taux d’intérêt et les spreads de crédit, mais aussi sur des moteurs autres. Par exemple, il va s’agir d’aller capter des primes d’illiquidité sur les actifs non cotés qui bénéficient d’un traitement particulièrement favorable sous Solvency 2 et qui sont d’ailleurs en hausse significative dans les allocations depuis maintenant plusieurs années. Dans ce sens et pour accompagner ses clients, Groupama AM étoffe son offre d’une expertise sur la dette non cotée.
Plus généralement, il existe des solutions d’investissement en adéquation avec le cadre réglementaire et comptable des assureurs qui génèrent du surplus de rendement.
Comment cela se traduit-il en ce qui concerne les portefeuilles obligataires ?
Dans l’univers obligataire coté et au-delà de nos process de sélection crédit intégrant complètement la dimension ESG, il s’agit pour nous de monétiser les vecteurs de rendement que sont la duration, la liquidité, la diversification ou encore la volatilité.
Sur la duration, il s’agit de se positionner sur la courbe longue afin d’exploiter la pente des courbes des taux d’intérêt, ce qui est en adéquation avec les objectifs d’adossement entre l’actif et les passifs longs en assurance vie, tout en allant chercher un surcroît de rendement. A titre d’exemple, l’OAT 10 ans sert actuellement un rendement aux alentours de 30 points de base là où il ressort à 100 points de base sur la même courbe à 30 ans.
Sur le vecteur liquidité, en plus de l’activité classique de mise en pension, nous déployons depuis plusieurs années des solutions de valorisation de stocks permettant de générer du revenu additionnel à celui des actifs obligataires au travers des activités de prêts de titres sécurisés par des actifs reçus en garantie.
Toujours dans la classe d’actifs obligataire, nous mettons aussi en place des stratégies dites de « cross-currency swap ». Il s’agit de titres libellés dans une autre devise que l’euro couverts contre le risque de change. Sur l’univers souverain par exemple, ces montages permettent de capter du rendement additionnel au gisement obligataire euro, de l’ordre de 20 à 40 points de base par rapport à l’OAT, pour une notation a minima équivalente, tout en apportant de la diversification géographique et crédit.
Les produits structurés vous semblent-ils pertinents afin de générer du rendement ?
Le recours aux produits structurés est en effet une des solutions que nous utilisons afin d’obtenir du rendement additionnel : avec en prérequis une parfaite lisibilité et une complète capacité de monitoring et de pricing, ils permettent de monétiser, sur du long terme, les niveaux de volatilité taux ou actions attrayants que génèrent des phases de marché stressées comme celle du printemps 2020.
Les compagnies d’assurances ont eu tendance à réduire ces dernières années leurs investissements dans les actions, ont-elles au contraire intérêt à investir dans cette classe d’actifs ?
Les actions redeviennent attractives pour les assureurs dans une perspective de long terme. En effet, une réforme récente de la directive Solvabilité 2 prévoit un coût en capital réduit à 22 % contre 39 % pour les actions en général, si celles-ci sont détenues, entre autres conditions, sur une période de long terme avec un minimum de cinq ans. En complète cohérence avec cette évolution réglementaire et pour en tirer profit, nous proposons une stratégie d’investissement qui déploie nos convictions financières et extra-financières au travers d’un process de long terme, avec un objectif de volatilité moindre que celle du marché et visant à distribuer des revenus stables et récurrents.