Donnant tort à la plupart des grands gérants qui adoptaient un biais défensif fin 2022, les fonds d’actions ont réalisé des performances à deux chiffres entre janvier et juin, grâce à la résilience de l’économie mondiale et aux promesses de l’intelligence artificielle. En cette fin d’été, alors que l’environnement s’assombrit, la classe obligataire conserve plus que jamais les faveurs des gestionnaires.
Il fallait être doté d’une très forte appétence au risque et d’une certaine confiance en l’avenir à l’aube de 2023 pour parier sur les actions. Une position ultra-minoritaire dans le paysage des asset managers européens : ces derniers soulignaient alors plutôt les menaces pesant sur les marchés boursiers et privilégiaient davantage les actifs sécurisés dans leurs portefeuilles. Pourquoi prendre des risques au moment où le cash recommençait à rémunérer et les obligations de bonne qualité délivraient à nouveau du rendement ? Il n’y avait, semblait-il à l’époque, que des mauvaises nouvelles à attendre pour les actions, en plein resserrement monétaire et alors que la récession couvait.
Huit mois plus tard, force est de constater que rien ne s’est déroulé comme prévu. La récession a été reportée de trimestre en trimestre aux Etats-Unis et l’environnement global s’est, de façon surprenante, révélé favorable pour les actions mondiales. Malgré une légère correction depuis un mois, à fin août, les indices affichent encore des hausses annuelles de 11,4 % pour le CAC 40, 12 % pour l’Euro Stoxx 50, 14,5 % pour le S&P et 22 % pour le Nikkei 225.
«Une deuxième vague d’inflation, non liée à l’offre mais à la demande, pourrait nécessiter de nouveaux tours de vis monétaires et le marché n’est pas préparé à cela.»
Une collecte en demi-teinte
Ces performances à deux chiffres ont pris de court les grands gestionnaires d’actifs. Nombre d’entre eux sont passés complètement à côté de la hausse tant il était compliqué de trouver des points d’entrée dans une telle configuration de marché, ce qu’ils reconnaissent volontiers. « Le maintien de notre position défensive a été difficile à tenir au premier semestre », admet l’un d’entre eux.