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La dette privée à impact se généralise

Publié le 16 avril 2021 à 13h22    Mis à jour le 16 avril 2021 à 15h40

Séverine Leboucher

De plus en plus de financements sur les marchés non cotés intègrent des clauses permettant à l’emprunteur de réduire sa marge d’intérêt s’il atteint certains objectifs extra-financiers. Un mécanisme qui séduit les investisseurs institutionnels et que les PME-ETI acceptent de mieux en mieux. L’enjeu, pour les gérants, est que le développement rapide de ces pratiques ne se fasse pas au détriment d’une démarche ambitieuse.

Faire varier, généralement à la baisse, le taux d’intérêt d’une entreprise à qui l’on prête sur les marchés non cotés en fonction de l’atteinte d’un ou plusieurs objectifs extra-financiers, tels que la réduction de l’empreinte carbone, le nombre d’embauches locales ou encore le taux de formation des collaborateurs : tel est le principe de la dette privée à impact. Apparue il y a environ deux ans, cette pratique est encore minoritaire dans ce marché d’une trentaine de milliards d’euros sous gestion en France. 

Mais elle se diffuse très rapidement ces derniers mois. « Sur l’année 2020, pourtant marquée par la crise sanitaire et un marché calme au premier trimestre, nous avons recensé en France 13 opérations de financement en dette privée à impact, pour un total de 1,5 milliard d’euros : selon nos estimations, cela représente environ un financement en dette privée sur six », dévoile Antoine Maspétiol, managing director chez Eiffel Investment Group. Une tendance qui se poursuit. « Nous anticipons que fin 2021, au moins 15 % de nos financements auront été octroyés avec ce type de mécanisme », renchérit Thierry Vallière, directeur de la dette privée chez Amundi.

Le financement en dette s’intéresse depuis longtemps à l’impact

  • Chercher à atteindre un objectif extra-financier en prêtant à des entreprises n’est pas un concept nouveau. Dans les années 2000 déjà, des fonds se constituaient pour financer en dette des institutions de microfinance présentes dans des pays émergents largement sous-bancarisés. Depuis, ces fonds se sont diversifiés, tout en gardant leur recherche d’impact. « L’encours des fonds à impact ciblant les marchés émergents ou frontières est estimé à 35 milliards de dollars, indique Sébastien Duquet, chief investment officer de Symbiotics, qui gère ce type de fonds et réalise chaque année une étude sur le secteur. Outre la microfinance, qui représente la moitié des encours, ces fonds financent principalement l’agriculture et, depuis plus récemment mais massivement, la production d’énergies renouvelables. »
  • Ces fonds n’ont pas recours au mécanisme d’incitation par la baisse du taux d’intérêt. « L’impact s’obtient par la sélection des structures que nous décidons de financer, précise Sébastien Duquet. La démarche de progrès est valorisée de manière indirecte : par exemple, si l’emprunteur développe un projet vert, nous pourrons le faire refinancer via l’émission d’un green bond qui bénéficie actuellement d’une décote d’environ 20 points de base (sur un coupon de l’ordre de 6 %) par rapport à un refinancement classique. »

Des levées de fonds qui se multiplient

Signe de cette montée en puissance, de plus en plus de fonds de dette privée se structurent autour du concept d’impact. Premier à s’être lancé en juin 2019, Eiffel IG compte désormais deux véhicules fonctionnant sur ce principe. « Nous avons levé plus de 500 millions d’euros sur notre fonds Eiffel Impact Debt auprès d’une...

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