L’agence de rating américaine va progressivement abandonner son activité de notation ESG, celle-là même qu’elle avait acquise en rachetant le français Vigeo en 2019. Une décision qui devrait avoir d’importantes répercussions sur les investisseurs responsables.
C’est l’histoire d’une alliance entre deux mastodontes américains qui plonge dans le brouillard l’industrie européenne de la finance durable. Le 1er juillet, MSCI et Moody’s ont annoncé qu’ils nouaient un « partenariat stratégique révolutionnaire » : MSCI va pouvoir accéder à la base de données Orbis de Moody’s, qui compile les fiches d’identité de plus de 500 millions d’entreprises – la plupart non cotées – et à ses notations de crédit ; Moody’s, de son côté, va se reposer sur les données et modèles de MSCI, un des leaders en matière de recherche extra-financière. Et, ce faisant, va abandonner sa propre activité de notation ESG au prix, selon certaines sources, de probables licenciements.
Ce partenariat outre-Atlantique sonne ainsi comme le clap de fin définitif d’une aventure française qui avait commencé en 1997 par la création de l’agence Arese par Geneviève Ferone, poursuivie en 2002 par Vigeo sous la houlette de Nicole Notat, élargie en 2015 par la fusion avec le britannique Eiris avant la cession finale du groupe à l’agence de notation de crédit Moody’s en 2019. Le passage de relais à l’Américain devait se faire sous le signe de la continuité, sans tourner le dos à l’approche d’origine, avec des équipes globalement stables. L’idée du nouveau Moody’s ESG était même de donner davantage de moyens à l’analyse extra-financière et de la diffuser plus largement de l’autre côté de l’Atlantique.
Cette ambition affichée, dont certains doutaient déjà qu’elle puisse véritablement...