parole d'expert - Diego-Felipe Aponte-Vargas, directeur de la gestion et de la stratégie internationale de Swen Capital Partners

« Le statut d’entreprise à mission nous permet de convaincre des investisseurs qui, comme nous, mettent l’accent sur les critères ESG dans la sélection de projets et sont alignés sur les mêmes valeurs responsables. »

Publié le 25 octobre 2024 à 10h00

Swen Capital Partners    Temps de lecture 4 minutes

Swen Capital Partners est spécialisée dans les actifs privés. Quelles sont vos expertises ?

Nous sommes une société de gestion française de référence sur l’investissement responsable en non-coté, qui intègre 120 collaborateurs et 8,8 milliards d’euros d’encours sous gestion à fin septembre 2024, dont une première moitié correspond à des fonds investis dans de la dette privée corporate et du capital-investissement, et la seconde moitié à des fonds dédiés aux infrastructures. En matière de dette privée, nous sommes spécialisés dans la dette mezzanine et proposons des produits flexibles qui peuvent intervenir dans le cadre de financements à travers de la dette ou de l’equity avec ou sans sponsors. Nous visons ainsi des objectifs de performance élevés, autour de 15 %. Celle-ci est obtenue en associant une performance contractuelle liée aux obligations, des BSA (bons de souscription) ou encore des actions ordinaires.

Quelles sont les innovations sur votre stratégie en dette privée ?

Nous sommes actuellement en train de lever notre troisième fonds de dette privée et nous devrions le clôturer d’ici la fin de l’année pour un montant compris entre 120 et 130 millions d’euros. Dans ce millésime conçu depuis que nous avons adopté le statut d’entreprise à mission, nous intégrons systématiquement des indicateurs de performance (KPI) qui reposent sur des critères extra-financiers. Nous retenons en moyenne trois critères, valant chacun 15 points de base ; si les trois sont respectés, le coût de la dette peut être allégé de 45 points de base, et dans le cas contraire, il sera alourdi de 45 points de base.

Quels critères extra-financiers retenez-vous, sont-ils systématiquement les mêmes ?

Nous possédons en interne une équipe d’une dizaine d’analystes extra-financiers qui ont notamment pour mission de déterminer les « enjeux matériels » des sociétés que nous envisageons de financer. Nous discutons également avec les managers et les sponsors. Cela nous permet de définir trois à quatre critères qui sont déterminants pour l’entreprise et pour lesquels nous souhaitons l’accompagner afin qu’elle s’améliore. A titre d’exemple, en matière d’environnement, toutes les petites et moyennes entreprises (PME) ne sont pas au même stade de sensibilisation. Dans certains cas, il s’agira par exemple de définir l’année 1 un bilan carbone et les années suivantes des axes d’amélioration. Nous sommes donc relativement flexibles dans la façon dont nous appréhendons ces critères. Dans le domaine du social, nous pouvons par exemple réfléchir à la façon dont nous pouvons favoriser l’accès des femmes à certaines missions et/ou fonctions.

Le statut d’entreprise à mission facilite-t-il la levée de fonds ?

Les levées de fonds ont été plus difficiles pour l’ensemble des acteurs en 2023 et 2024. En ce qui nous concerne, nous sommes relativement satisfaits puisque nous devrions finir l’année avec une collecte d’un milliard d’euros. Le statut d’entreprise à mission nous permet de convaincre des investisseurs qui, comme nous, mettent l’accent sur les critères ESG dans la sélection de projets et sont alignés sur les mêmes valeurs responsables.

Cherchez-vous aussi à vous adresser à de nouvelles clientèles ?

Nous sommes engagés comme la plupart des acteurs dans la démocratisation des actifs réels. Nous proposons déjà un fonds d’infrastructure à destination des family offices et de clients fortunés. Nous appartenons par ailleurs à un groupe, à savoir OFI Invest, qui entretient des liens étroits avec des compagnies d’assurances. Nous sommes ainsi en train de réfléchir à une offre de fonds qui pourrait s’insérer dans des contrats d’assurance-vie. La clientèle privée et les particuliers constituent une opportunité pour diversifier le financement du non-coté. Ces nouvelles clientèles devraient se développer encore davantage avec l’entrée de vigueur de la loi Industrie verte. Il faut tout de même prévoir d’intégrer des mécanismes spécifiques de gestion de la liquidité.

Avez-vous lancé des fonds thématiques ?

Notre dernier fonds de dette privée est un fonds multithématique qui intègre trois grandes composantes : la santé et le bien-être, la technologie et les données, les produits et les services de demain (c’est-à-dire la réindustrialisation ou encore l’économie circulaire). Nous avons également lancé un fonds infrastructure spécialisé notamment sur le biogaz et l’hydrogène ainsi qu’un fonds sur la régénération de l’océan. Ces deux dernières thématiques ont rencontré un écho très favorable auprès des investisseurs institutionnels.

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