Le retour à un régime monétaire de taux élevés a permis aux investisseurs institutionnels de massivement retourner sur le marché des obligations liquides. Ce qui ne les empêche pas de continuer d’investir dans le private equity, la dette privée et les infrastructures. Avec toutefois certains arbitrages.
Points-clés
- Selon BlackRock, 91 % des assureurs dans le monde affirment vouloir renforcer leurs investissements dans les actifs privés au cours des deux prochaines années.
- Les allocations des institutionnels en dette privée et en infrastructures se maintiennent, mais la prudence reste de mise.
- Dans un marché du private equity plutôt grippé, les investissements s’adaptent.
« Un havre de paix. » Pour ce directeur des investissements d’un grand institutionnel français, la période qui s’est ouverte en 2022 avec la hausse des taux est très clairement synonyme d’une tranquillité d’esprit retrouvée : « Il suffit à nouveau d’acheter de la dette souveraine ou des obligations d’entreprises investment grade pour engranger les rendements nécessaires à la bonne couverture des passifs, souffle-t-il. Nous ne sommes plus forcés de nous tourner vers les actifs de diversification. » Au premier rang de ceux-ci figurent les titres non cotés dont la prime d’illiquidité permet de dégager ce supplément de rendement. Stars de ces stratégies de diversification, la dette privée, le capital-investissement et les infrastructures avaient alors vu leur poids dans les portefeuilles nettement progresser, passant, selon les données de l’Af2i, de 4 % en 2017 à 6,3 % en 2022. Le récent retour aux sources de la gestion institutionnelle est-il dès lors de nature à détourner les investisseurs de ce segment de marché, somme toute minoritaire pour eux ?
Un « stop-and-go » à éviter
Rien n’est moins sûr. « Ces derniers mois, la priorité a clairement été donnée aux actifs obligataires de cœur de portefeuille et les programmes d’investissement vers le non-coté ont pu s’en trouver réduits, mais ils n’ont pas pour autant été abandonnés, constate Olivier Jéséquel, directeur pour la France du cabinet de conseil bfinance. Quand on les interroge aujourd’hui, très peu déclarent envisager de réduire le poids des actifs non...