Les agences qui évaluent les entreprises sous l’angle extra-financier seront bientôt supervisées par l’Autorité européenne des marchés financiers. Un encadrement indispensable mais dont les contours précis sont difficiles à dessiner pour cette industrie encore jeune sur laquelle planent des enjeux de souveraineté.
Les entreprises scrutent avec inquiétude leurs évaluations et les investisseurs ont massivement recours à leurs services dans leurs process de gestion comme dans leur reporting. Pourtant, les agences de notation extra-financière restaient paradoxalement dans l’angle mort des régulateurs. Ce ne sera bientôt plus le cas : d’ici les élections européennes de juin, l’Union européenne devrait s’être dotée d’un cadre pour ces acteurs cruciaux de la chaîne de valeur de la finance durable. Les négociations entre le Parlement et le Conseil, sur la base de la proposition faite en juin 2023 par la Commission, s’ouvrent en ce début d’année. C’est la dernière étape d’un chantier débuté en 2020, lorsque l’AMF avait pour la première fois tiré la sonnette d’alarme sur ce dangereux « trou dans la raquette » laissé par la réglementation.
Un maître-mot, la transparence
Les agences de notation ESG sont tout autant indispensables que critiquées. Dès qu’un scandale social ou environnemental éclate, la note attribuée à l’entreprise incriminée est bien souvent dénoncée comme trop généreuse : incarnation de ces griefs, le score obtenu par Orpea avant les révélations du livre « Les Fossoyeurs » était parmi les meilleurs de son secteur. C’est aussi la grande hétérogénéité qui existe entre les notes des différents fournisseurs qui chagrine les utilisateurs : la corrélation entre les scores d’un même émetteur, très élevée dans le cas de la notation de crédit, est près de moitié moindre dans le domaine de l’ESG, comme le signale une...