Confronté à des difficultés de valorisation pour plus d’un milliard d’euros de titres privés, le hedge fund H2O a décidé de cantonner ces derniers et de créer de nouveaux fonds délestés de ces participations. Une technique qui n’est pas nouvelle.
Depuis le 28 août, les clients d’H2O ne peuvent plus acheter ni surtout vendre leurs parts dans huit fonds de la société de gestion, soit l’équivalent d’une dizaine de milliards d’euros d’encours sur un total de 22 milliards à fin juin. L’affilié de Natixis Investment Managers (IM) a été sommé par l’AMF de suspendre temporairement – le gérant évoque un délai de quatre semaines – les trois fonds H2O Allegro, Multibonds et Multistratégies, auxquels ont été volontairement ajoutés 5 autres de sorte à garder une égalité de traitement à l’intérieur de sa gamme «global macro». En cause, des «incertitudes de valorisation liées à des expositions significatives en titres privés», en l’occurrence quelque 1,4 milliard d’euros de dette liée à l’homme d’affaires allemand controversé, Lars Windhorst. Des révélations de presse sur les risques associés à ces expositions avaient, à l’été 2019 déjà, créé des remous, et le hedge fund créé par Bruno Crastes avait dû faire face à des rachats de 8 milliards d’euros en quinze jours.
Une cession trop lente
Cette fois-ci, le gel des fonds intervient alors qu’il n’y a pas de problème de liquidité au passif. A l’actif, en revanche, la situation s’est dégradée : du fait des fortes baisses de valorisation des fonds pendant la crise financière du printemps, la part des titres privés est passée d’une fourchette de 5 à 10 % à plus de 14 %. Surtout, les perspectives de cession de ces expositions se sont obscurcies : un contrat, dit «Evergreen», a été signé avec Lars Windhorst...