L’année 2020 a enregistré une période de stress marqué sur les marchés de taux, du fait de la crise sanitaire, qui a également affecté les valeurs refuges comme les dettes souveraines allemande et française. Un tel contexte n’a pas épargné les marchés monétaires, les rendements des «commercial papers» (CP) et des certificats de dépôt (CD) sont ainsi devenus extrêmement volatils. Pour autant, les fonds monétaires ont réussi à passer cette crise sans encombre. Ils ont répondu à toutes les demandes de rachat et ont enregistré au pire une certaine volatilité de leur valeur liquidative. Un comportement lié aux interventions massives de la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci a accentué sa politique de rachat d’actifs afin de peser sur les taux d’intérêt et d’éviter tout risque de crise de liquidité. Les banques n’ont pas été en reste, elles ont rapidement débloqué des prêts et ont permis aux entreprises de laisser sur leurs comptes des sommes relativement conséquentes, réduisant ainsi leurs difficultés de trésorerie liées au confinement, mais avec aussi pour conséquence un afflux de liquidités dans leur bilan. Après avoir évoqué les grandes tendances et le comportement des fonds monétaires, les participants au Grand Débat d’Option Finance se sont ainsi entendus sur le fait que les banques devraient, en 2021, commencer à appliquer des taux de dépôt négatifs. Un bouleversement pour les TPE, PME et ETI et pour les particuliers dans le cadre de leur gestion de trésorerie.
- 2020 a été une année chaotique à tous les plans ; quelles évolutions notables ont été enregistrées sur les taux d’intérêt à court terme et quelles sont les perspectives ?
- Le secteur bancaire dans son ensemble s’est-il également mobilisé ?
- Les fonds monétaires ont-ils rempli leur rôle pendant la crise ?
- La BCE ou plus généralement les banques centrales disposent-elles de suffisamment d’outils pour face à une accentuation de la crise ou à un nouveau choc exogène ?
- Quelles conséquences en tirer pour la rémunération des fonds monétaires ?
- Peut-on noter des différences importantes en termes d’allocation dans les fonds monétaires ?
- Les fonds obligataires court terme constituent-ils ainsi une alternative intéressante aux fonds monétaires ?
- Existe-t-il encore des arbitrages entre les fonds monétaires et les livrets bancaires ?
- Jusqu’à quand les banques pourront-elles proposer des rémunérations à zéro voire positives ?
- Les clients réclament-ils l’intégration systématique des critères extra-financiers dans les solutions de trésorerie ?
2020 a été une année chaotique à tous les plans ; quelles évolutions notables ont été enregistrées sur les taux d’intérêt à court terme et quelles sont les perspectives ?
Jean Sayegh, responsable de la gestion obligataire chez Lyxor Asset Management : Avant le déclenchement de la crise sanitaire, nous étions déjà dans un environnement macroéconomique difficile en Europe avec une croissance économique ralentie. La Banque centrale européenne (BCE) était de ce fait à la manœuvre à travers une politique monétaire très accommodante et la volonté de maintenir durablement des taux d’intérêt bas. Cette stratégie a été accentuée par le contexte de crise associé à la pandémie. Le premier confinement a entraîné un blocage partiel des économies et une récession profonde qui a poussé la BCE à maintenir les taux d’intérêt à court terme en territoire négatif sur longue période. En parallèle, elle a accentué sa politique de rachats d’actifs et a facilité l’accès au crédit afin d’éviter que la crise économique ne se transforme en une crise financière massive et durable.
Mathilde Lacoste, responsable France de la gestion investment grade pour compte de tiers chez Swiss Life Asset Managers France : La BCE est en effet très présente depuis le début de la crise sanitaire et a multiplié ses interventions, ce qui a permis aux marchés de revenir rapidement aux mêmes niveaux qu’avant la crise sanitaire. Dès lors que le déconfinement a été engagé en Europe, les rendements sur les produits de taux ont ainsi pu retrouver leurs niveaux d’avant la pandémie. Nous avions pu constater, pendant le confinement, le lancement d’émissions obligataires assorties d’une amélioration...