La hausse des taux d’intérêt contraint les valeurs de croissance et avantage mécaniquement les valeurs décotées, dites « value ». Depuis déjà quelques mois, ces dernières reprennent ainsi des couleurs. Les gérants s’interrogent toutefois sur la pérennité de ce mouvement. Certains considèrent qu’il s’agit d’un changement de régime de marché, tandis que d’autres estiment que la tendance pourrait ne pas perdurer.
Après une année 2021 exceptionnelle pour les marchés actions et en particulier pour le CAC 40, celui-ci affiche un repli sur le mois janvier de 2,5 %, tandis que l’Eurostoxx 50 a perdu près de 4 % et le S&P 500 autour de 6 % sur la même période. En cause : des perspectives moins florissantes qu’attendues du côté de la croissance. A ce titre, le Fonds monétaire international (FMI) a revu fin janvier ses prévisions de croissance mondiale à 4,4 %, soit 0,5 % de moins qu’en octobre 2021. Mais surtout, l’inflation s’installe dans les économies développées, ce qui pousse les banques centrales à préciser leur calendrier en termes de hausse des taux d’intérêt. La Fed (banque centrale américaine) a ainsi annoncé une première hausse pour le mois de mars, les analystes tablant sur plus de trois hausses cette année, et la Banque centrale européenne (BCE) pourrait d’ici la fin de l’année procéder de même.
Ces hausses, particulièrement inconfortables pour les marchés obligataires, ont déjà des conséquences sur les marchés actions. Les spécialistes constatent en effet depuis la fin de l’année dernière une rotation entre les styles croissance et value (valeurs décotées). « Le changement de discours de la Fed à partir du mois de novembre dernier a constitué un catalyseur pour les actions décotées », confirme Nicolas Simar, gérant senior actions européennes à haut dividende chez NNIP. D’un point de vue technique, la hausse des taux d’intérêt possède des effets mécaniques favorables aux valeurs...