Parole d’expert - LBPAM

L’ESG, un facteur de valorisation majeur pour la dette privée

Publié le 8 décembre 2023 à 11h43

LBPAM    Temps de lecture 5 minutes

Avec des taux et une inflation qui se stabilisent sur des niveaux relativement élevés, le spectre des défaillances refait surface. Faut-il s’inquiéter pour la santé des entreprises en 2024, et par conséquent réviser les stratégies d’investissement sur la dette privée ? Isabelle Luy-Landès, responsable dette privée corporate chez LBPAM, appelle à plus de sélectivité, notamment sur les critères ESG.

En Europe, faut-il craindre une hausse des taux de défaut, dans la lignée de la hausse des taux d’intérêt ?

Nous connaissons depuis 2022 un contexte inflationniste fort, qui résulte du choc énergétique et de l’augmentation du coût de la masse salariale. Pour contrer cette inflation, qui avait atteint un niveau de 10 % en fin d’année dernière, la BCE a remonté ses taux directeurs de – 0,5 % à 4 % entre l’été 2022 et aujourd’hui. En 2024, nous devrions voir une stabilisation des taux d’intérêt autour de 4 % et de l’inflation autour de 3 %.

Malgré ces conditions de marché moins sereines, les entreprises restent confiantes. Elles s’appuient sur la robustesse de leur modèle, un travail efficace sur leurs structures de coût, et un fort pricing power. La hausse des taux de défaut des crédits bancaires en France est donc contenue : nous n’assistons pas à une explosion, mais plutôt à un retour sur des niveaux pré-Covid qui se situaient autour de 0,6 % sur la période 2013-2019 pour atteindre aujourd’hui environ 0,7 %. L’absence de défaut de ces dernières années (autour de 0,2 % sur la période Covid 2020-2021) n’était en effet pas tant liée à la santé des entreprises en elle-même qu’à l’abondance d’aides reçues après la Covid ; des aides qui se sont désormais arrêtées.

Par prudence, faut-il rester à l’écart de la dette privée ou de certains secteurs ?

Non, il n’est pas question de rester à l’écart si l’investisseur poursuit une stratégie de diversification de ses portefeuilles avec une moindre volatilité. En revanche, le gestionnaire d’actifs doit faire preuve d’une sélectivité accrue. Il est indispensable de mener des due diligences couvrant tous les risques et de modéliser toutes les conséquences de l’inflation et de la hausse des taux pour l’entreprise. Par ailleurs, la liquidité court terme des entreprises doit être au centre de toutes les attentions. Sur la dette corporate, nous sommes agnostiques en matière de secteurs : nous voulons avant tout des entreprises robustes et génératrices de cash-flow, ayant su prouver leur résilience en mettant en place les protections nécessaires dans un environnement contraint, capables de résister dans la durée et dont le management a fait ses preuves à travers les crises.

Il faut rassurer les investisseurs, notamment en rappelant que la dette corporate apporte une prime d’illiquidité, bénéficie de la baisse des risques de levier, de la hausse des spreads et permet d’embarquer l’Euribor. Il est également possible de concevoir des structures plus protectrices pour les investisseurs. Les délais de transaction sont en effet plus longs, ce qui permet à la fois de bien étudier tous les risques, mais aussi de travailler les structures des opérations et de négocier en détail les documentations juridiques.

Quelle place occupe l’ISR au sein de votre analyse et de votre suivi ?

Notre plateforme Actifs réels et privés de LBPAM, lancée en 2012, couvre les trois expertises de dette infrastructure, immobilier et corporate. Elle compte au total 20 professionnels dont l’équipe de Portfolio Management qui accompagne les équipes de gestion dans l’analyse et le suivi quotidien des entreprises en portefeuille, ce qui nous permet d’être extrêmement réactifs. LBPAM ne compte pas moins de 8 personnes à l’ISR dont un expert spécifiquement dédié à la plateforme de dette privée. Nous menons en amont de chaque investissement une due diligence sur l’ISR, au même titre que sur les éléments stratégiques et financiers. La prise en compte des critères de durabilité dans l’analyse et la sélection des sociétés que nous accompagnons vise en premier lieu à nous assurer de leur solidité. Une faible prise en compte constitue en effet un facteur de risque complémentaire : nous sommes convaincus qu’une entreprise qui n’intègre pas l’ISR dans sa stratégie aura plus de mal à terme à se refinancer et perdra à l’avenir en valorisation. Nous sommes très engagés auprès du management et fixons des objectifs sociaux et environnementaux aux entreprises, assortis de KPI.

Quelle stratégie d’investissement sur la dette corporate avez-vous choisi de lancer dans ce contexte ?

Notre fonds LBPAM Midcap Senior Debt est une stratégie sur la dette senior secured, centrée sur les small et mid caps françaises en croissance et avec un positionnement fort dans leur secteur d’activité. Nous avons déjà réalisé 11 investissements, sur des secteurs variés comme la santé, l’industrie et les services aux entreprises. Il s’agit d’une stratégie à taux variables, qui intègre l’Euribor. Son niveau de risque est mesuré, avec un levier net moyen actuel bien en dessous de 3,5 ×. La particularité de ce fonds est d’être article 9. Il intègre donc la durabilité des entreprises, auxquelles des objectifs précis sont attribués sur des thématiques sociales et environnementales à la mise en place des financements et tout au long de la vie de l’opération. L’atteinte ou non de ces objectifs entraîne des bonus ou malus sur le crédit. Ce positionnement exigeant participe donc à la transformation durable des entreprises.

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