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Michèle Lacroix, directrice des investissements du groupe Scor

«Nous réinvestissons à des taux plus élevés que notre portefeuille»

Publié le 5 avril 2019 à 15h39    Mis à jour le 5 avril 2019 à 17h11

Séverine Leboucher

Le réassureur français Scor gère une vingtaine de milliards d’euros d’actifs, dont près de la moitié libéllés en dollars. Pour pallier la baisse des rendements, le groupe s’est tourné vers les obligations corporate mais aussi les actifs réels. C’est sur ces derniers qu’est focalisée sa démarche d’investissement responsable.

Quelles sont les spécificités des engagements de passif d’un réassureur comme Scor ? Comment impactent-elles la gestion d’actifs ?

A la différence des assureurs-vie ou des fonds de pension, nous ne sommes pas dans un schéma d’épargne, avec des clients qui confient un capital et attendent qu’on le leur rende assorti d’une certaine rémunération. Notre cycle de production est inversé : nous commençons par encaisser les primes, que ce soit pour la couverture de risques biométriques, dans le cas de la réassurance d’activités d’assurance-vie, ou de risques de catastrophes naturelles ou industrielles, dans le cas de la réassurance des activités d’assurance non vie. Nous ne remboursons nos clients que si un sinistre survient. Cela constitue une différence majeure car nous sommes propriétaires des primes que nous encaissons. Nous avons, de ce fait, une plus grande flexibilité dans notre allocation d’actifs et nos contraintes de liquidité sont différentes.

Comment se traduisent ces contraintes de liquidité ?

Nous devons être prêts à mobiliser beaucoup de liquidités pour indemniser nos clients lorsque nous sommes face à des catastrophes naturelles plus importantes qu’anticipé, comme ce fut le cas en 2018. Cela nous impose de garder un montant suffisant d’actifs liquides. Il ne s’agit pas nécessairement de cash – qui représente 5 % de notre portefeuille –, mais plus largement d’actifs que nous pouvons céder rapidement, quitte à accepter certaines pertes. Du fait de notre position de réassureur, nous bénéficions toutefois de délais que n’a pas un assureur-vie face à un client qui souhaite résilier son contrat : nous n’intervenons qu’en second temps, après l’assureur, et, lorsque les montants sont très importants, le règlement des sinistres s’étale généralement sur plusieurs mois.

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