Quelques sociétés de gestion, dont Oddo BHF AM, commencent à utiliser l’intelligence artificielle pour définir l’univers d’investissement de leurs fonds thématiques. Un projet de longue haleine pour ces gérants qui doivent repenser leur métier.
En tant que technologie facilitant le traitement des données de masse, l’intelligence artificielle (IA) ne laisse pas indifférents les professionnels de la gestion d’actifs, eux-mêmes habitués à décrypter une grande quantité d’informations. Des tests sont menés, ici et là, par exemple pour limiter les biais du gérant ou lire des signaux de marché qu’un cerveau humain ne peut capter. Fin 2018, Oddo BHF Asset Management a même sauté le pas et lancé commercialement un fonds conçu grâce à des technologies d’IA. Logé dans sa Sicav luxembourgeoise, ce fonds thématique actions porte lui-même sur l’intelligence artificielle. «Nous souhaitions créer un fonds thématique actions global mais sans répliquer un indice ; or, nous n’avons pas les ressources nécessaires pour le faire sur la base d’une gestion de conviction, relate Agathe Schittly, directrice stratégie, marketing et produits d’Oddo BHF AM, pilote du projet. Nous souhaitions plutôt capitaliser sur notre expérience en matière de gestion quantitative.»
Mais si les modèles quantitatifs se prêtent bien à l’analyse de données purement financières, ils peinent à se repérer dans un environnement plus qualitatif. «Une thématique ne fait pas l’objet d’une nomenclature : il est ainsi très difficile, avec les outils traditionnels, de déterminer quelles valeurs se rapportent à un thème, alors que l’on sait, par exemple, les associer à un secteur économique», précise Agathe Schittly. Or, la valeur ajoutée de l’IA est tout particulièrement de savoir analyser des données dites «non structurées», et notamment le sens d’un texte. Elle est donc utilisée pour définir l’univers d’investissement.
