Alors que le régulateur européen, EIOPA, avance des propositions pour un aménagement de la directive Solvabilité 2, les compagnies d’assurance s’engagent dans une nouvelle étape en matière de mise en conformité. Après s’être conformés au calcul du SCR (ratio de solvabilité), les assureurs cherchent maintenant à réduire la volatilité de ce ratio. Une nouvelle dimension qui n’est pas sans difficulté compte tenu des textes régissant l’utilisation des stratégies de couverture. Les professionnels réunis lors d’une table ronde s’interrogent aussi sur la capacité de la directive à remplir son rôle de protection des épargnants et cela d’autant plus que le contexte de marché – caractérisé par des taux d’intérêt bas, voire négatifs – n’est pas propice à la création de produits d’épargne de type assurantiel. Les sociétés de gestion sont en première ligne pour les aider dans leur mise en conformité et pour améliorer les rendements servis.
- Les premières propositions de l’EIOPA pour un aménagement de la directive Solvabilité 2 viennent d’être communiquées ; sont-elles en phase avec vos attentes ?
- Quel est votre niveau de capitalisation ?
- L’allocation d’actifs des compagnies d’assurance n’est-elle pas aussi et surtout contrainte par le niveau des taux d’intérêt ?
- La directive Solvabilité 2 est-elle finalement défavorable aux épargnants ?
- Quel est le rôle des sociétés de gestion ? Comment peuvent-elles aider les compagnies d’assurance ?
- Quel est votre point de vue sur les normes comptables IFRS ? Vont-elles aussi – comme la directive Solvabilité 2 – renforcer le comportement pro-cyclique des compagnies d’assurance ?
Les premières propositions de l’EIOPA pour un aménagement de la directive Solvabilité 2 viennent d’être communiquées ; sont-elles en phase avec vos attentes ?

Gildas Robert, senior partner Actuarial Services chez Optimind Winter : Les premières propositions de révision de la directive Solvabilité 2 qui viennent d’être publiées par le régulateur européen n’ont pas vocation à modifier les principaux effets quantitatifs liés aux principes fixés dans les textes de niveau 1 qui sont de trois ordres. D’abord, la valorisation, calculée en juste valeur, a des conséquences sur les bilans en les rendant plus volatils. Ensuite, la définition du capital réglementaire fixée à 99,5 % à un an ne sera pas modifiée. Enfin, les aspects opérationnels de mise en transparence ne seront pas non plus remis en cause. Il ne faut ainsi pas s’attendre à des changements majeurs de la part de l’EIOPA, mais seulement à des ajustements techniques. A titre d’exemple, les données sur les produits de taux qui ont servi à élaborer les normes techniques datent d’avant 2009, elles vont donc être réactualisées, notamment pour prendre en compte le contexte de taux bas. Pour le reste, les actifs risqués seront toujours très consommateurs en capital et les indicateurs de solvabilité conserveront leur caractère volatil. En France, un lobbying est mené afin de permettre aux acteurs d’investir davantage dans les actions, mais cette volonté ne trouve pas nécessairement d’écho au niveau européen. L’argumentaire autour du nécessaire financement de l’économie n’est pas suffisant en tant que tel, et des justificati...