Deux rapports récents, rédigés l’un par Christian Noyer et l’autre par Enrico Letta et consacrés à l’Union des marchés de capitaux (UMC), montrent que plusieurs réformes d’ampleur seraient nécessaires pour mettre l’épargne européenne au service du financement et de la croissance de l’Europe. Les institutions européennes devraient mettre l’accent sur la compétitivité de l’industrie locale, favoriser la relance de la titrisation ainsi que la création de nouveaux produits d’épargne à long terme. L’Association française des marchés financiers (Amafi), présidée par Stéphane Giordano, milite afin que ces réformes soient à l’agenda de la prochaine législature européenne.
Les rapports d’Enrico Letta et de Christian Noyer dressent un même constat quant à la nécessité de renforcer l’Union des marchés de capitaux (UMC). Quelles seraient les premières mesures à prendre par la nouvelle mandature européenne ?
Il existe en effet un consensus en Europe sur le constat de l’insuffisante intégration des marchés de capitaux. L’Europe doit investir massivement pour transformer son économie et permettre à ses entreprises de faire face à la concurrence des entreprises américaines et asiatiques. Mais elle ne possède pas des marchés de capitaux suffisamment profonds et qui puissent mobiliser l’épargne et la mettre au service des entreprises. Il y a urgence à agir autour de trois axes majeurs : améliorer l’efficacité institutionnelle pour faire en sorte que les institutions communautaires contribuent à la compétitivité de l’industrie locale, relancer la titrisation et orienter l’épargne vers l’investissement de long terme. L’Europe dispose d’une épargne abondante, mais celle-ci est investie en grande partie sur des produits liquides, dont les dépôts à vue, et lorsqu’elle est placée, une grande partie sert à alimenter les marchés financiers américains.
L’Amafi accorde beaucoup d’importance à la relance de la titrisation. Quels en sont les enjeux ?
La relance de la titrisation est centrale car elle permet d’accélérer la rotation du bilan des banques et ainsi d’augmenter leur capacité de financement de l’économie. Si les banques pouvaient plus facilement recycler leur bilan, elles seraient alors amenées à se positionner plus rapidement sur de nouveaux dossiers...