BCE : de la théorie à la pratique…

Publié le 20 février 2015 à 10h22    Mis à jour le 20 février 2015 à 18h42

Christophe Morel

A la fin de janvier, la BCE a annoncé un programme d’achats d’actifs pour 60 milliards d’euros par mois : environ 11 milliards d’ABS/Covered bonds, 6 milliards de dettes émises par des institutions européennes et 43 milliards de dettes d’Etat et d’agences. Cependant, à qui la BCE va-t-elle finalement acheter ces actifs ?

Auprès des investisseurs institutionnels européens (banques, assureurs, caisses de retraite…) ? Dans l’ensemble, ils ont peu d’incitation à apporter des titres à la BCE au regard d’un risque déflationniste toujours présent ou de contraintes réglementaires défavorables aux actifs risqués.

Auprès des investisseurs internationaux ? La marge de manœuvre semble étroite quand on sait par exemple que les pays émergents ont déjà fortement réduit l’exposition en euros dans leurs réserves en devises de 33 % fin 2003 à 25 % fin 2014.

Dès lors, il devient nécessaire que d’une façon ou d’une autre, la BCE soit présente lors des émissions si on admet qu’un titre porté quelques instants par une banque relève du marché secondaire… Cependant, selon nos estimations, pour la seule année 2015, le programme d’achats de la BCE représenterait environ 50 % des émissions brutes de dettes publiques et 180 % des émissions nettes.

Il sera donc nécessaire de suivre le déroulement de ce programme d’achats. S’il s’avérait difficile de maintenir le rythme, la BCE perdrait en crédibilité sur son objectif d’un ciblage quantitatif de son bilan.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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