BCE : le réveil de la force
Les Banques centrales américaine et européenne gardent la haute main sur l’évolution des marchés financiers en les tenant, une fois de plus, en haleine jusqu’à leur comité respectif de politique monétaire du mois de décembre. Alors que la Fed prépare la fin de sa ZIRP (Zero Interest Rate Policy), au contraire, la BCE promet de donner un nouveau coup d’accélérateur à son Quantitative Easing (QE).
Dans sa mission de faire repartir une inflation quasi nulle vers son objectif contractuel de 2 %, l’institut européen devrait agir énergiquement sur un ou plusieurs des leviers suivants. Le premier consiste à prolonger le programme actuel de QE. La décision est aisée à prendre, mais elle n’est d’aucune efficacité à court terme. Le deuxième levier passe par une augmentation du montant des achats mensuels d’obligations de 60 milliards d’euros à, par exemple, 80 milliards d’euros, accompagnée d’un élargissement de la liste des titres éligibles. Dans ce cas, la Banque centrale siphonne davantage le marché obligataire, accentuant l’effet rareté qui fait baisser les taux d’intérêt. Mais, la BCE s’expose au risque d’accumuler des titres sur son bilan pour des centaines de milliards avec finalement des taux longs qui remonteraient. Sous l’effet de la corrélation, ils seront fatalement influencés par la hausse des taux américains. Un troisième levier passe par l’amplification de la baisse du taux de dépôt, au-delà du niveau actuel de - 0,20 %. Cette action ne coûte rien à la BCE et agit comme une taxe sur l’argent qui dort. Elle fait fuir les détenteurs d’euros au moment précis où la Fed va augmenter la rémunération du dollar. Ici, l’efficacité est immédiate car si l’euro baisse jusqu’à atteindre la parité contre dollar, l’inflation remontera de facto en zone euro.
Ainsi, dans son combat contre les forces déflationnistes, la BCE dispose en décembre d’une fenêtre de tir qu’elle ne doit pas manquer, si elle souhaite obtenir des résultats rapides.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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