La hausse des salaires pourrait-elle à nouveau faire flamber les prix en zone euro ?
La BCE a récemment publié des chiffres indiquant une accélération de la croissance des salaires en zone euro au premier trimestre 2024 à 4,69 %, contre 4,45 % précédemment. L’augmentation des salaires après la pandémie provenait, pour environ deux tiers, d’ajustements des rémunérations de base, de primes individuelles, de paiements ponctuels ad hoc, visant à compenser la hausse de l’inflation qui n’était pas prévue au moment des négociations salariales collectives. Aujourd’hui, l’essentiel de la hausse résulte de la croissance des salaires négociés. Comme la baisse régulière de l’inflation totale devrait réduire les pressions salariales, la BCE prévoit une progression des rémunérations de 4,5 % en 2024, suivie de 3,6 % en 2025 et 3,0 % en 2026. Or, cette trop lente et incertaine décélération salariale constitue un vrai défi pour l’institution monétaire, surtout dans un contexte où l’économie européenne montre des signes d’amélioration. En effet, si la BCE n’est pas en mesure de normaliser sa politique monétaire car un nouveau rebond de l’inflation l’empêche d’abaisser ses taux directeurs, elle met en risque sa fragile crédibilité.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
Du même auteur
Mise à profit de la volatilité des chiffres macroéconomiques américains
Réputées retardées par rapport à la réalité de l’activité, et souvent révisées, les données d’emploi…