Croissance mondiale : un «faux plat»
A ce stade du cycle, le risque de récession mondiale nous semble toujours faible. D’abord, il n’y pas de sur-stockage – c’est-à-dire d’excès de production par rapport à la demande – caractérisant les épisodes pré-récessifs. Ensuite, la très forte baisse du prix du pétrole constitue un «réservoir» considérable pour le pouvoir d’achat et la consommation des ménages. Force est de reconnaître que cet impact positif n’a pas pleinement fonctionné pour le moment, et il ne le peut pas tant que le prix du baril ne s’est pas stabilisé : soit parce que les ménages/entreprises anticipent que la baisse n’est pas durable, soit parce qu’ils considèrent qu’elle n’est pas finie ; mais dans les deux cas, ils préfèrent attendre. Ainsi, si le prix du pétrole reste suffisamment stable, suffisamment longtemps, cela devrait soutenir la demande qui entraînera alors l’offre.
Bonne nouvelle donc : il y aura de la croissance. Mauvaise nouvelle : il n’y aura pas d’accélération. La croissance mondiale a été de 3 % en 2015 et nous l’anticipons à 2,9 % en 2016 et 3,2 % en 2017. Cette croissance mondiale s’établit donc peu ou prou autour de 3 %, ce qui caractérise un «plat».
Reste qu’il s’agit d’un «faux plat» dans le sens où des trimestres d’accélération seront suivis de trimestres de décélération autour de cette moyenne de 3 %. Au total, on doit s’y préparer : le «faux plat», c’est une route longue, longue… et difficile.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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