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Des taux bas très, très longtemps

Publié le 21 février 2014 à 11h58    Mis à jour le 30 avril 2014 à 17h55

Philippe Weber

Dans une vieille rue de Rome, un commerce affichait naguère en devanture «Maison fondée il y a très, très longtemps» (en français dans le texte). J’y ai repensé avec la nouvelle formulation de l’orientation avancée (forward guidance) de la Banque d’Angleterre et de la Réserve fédérale. Le taux de chômage qu’elles s’étaient fixé comme seuil avant toute remontée des taux presque atteints, elles ont dû expliquer qu’un chômage plus bas était une condition nécessaire mais pas suffisante, qu’elles garderaient une politique accommodante longtemps après le franchissement du seuil, bref, que les taux allaient rester bas «très, très longtemps», en fonction qui plus est de nombreux autres critères : au total, elles s’en remettent à leur jugement.

C’est un signe de plus du retour à la pratique qui prévalait jusqu’aux années 1980. Les banques centrales n’avaient alors que rarement la stabilité des prix comme unique objectif et conduisaient leur politique avec une certaine opacité. Puis vint la stabilité des prix comme «unique boussole» et la préférence pour «les règles» sur «l’arbitraire» ; la lisibilité, la transparence, la stabilité des prix et des anticipations garantiraient que tout irait bien. Ce fut un succès indéniable pour ce qui est de l’inflation, qui a pour ainsi dire disparu. Mais la crise a amplement montré que la stabilité financière est au moins aussi importante que celle des prix, que les banques centrales sont les mieux placées pour y veiller, et que certes pas l’arbitraire mais un pragmatisme éclairé et transparent est peut-être plus adapté que des règles immuables.

Philippe Weber

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