Divergence d’opinions
D’un côté, les enquêtes auprès des entreprises et des ménages sont sombres. Les ménages européens s’inquiètent sur leur situation financière, annoncent reporter leurs achats discrétionnaires et se montrent pessimistes sur l’économie. De fait, les salaires progressent nettement moins vite que l’inflation dans la zone euro (+ 4 % contre + 10 %). La pression sur le pouvoir d’achat est violente. Les chefs d’entreprise observent un net recul de leurs carnets de commandes, principalement imputable à l’inflation. Il est de plus en plus difficile de transmettre les hausses de coûts de production aux consommateurs. Certains évoquent même l’arrêt de leur production face à la hausse des prix énergétiques, preuve d’une faible capacité à relever un peu plus leurs prix de vente. De l’autre côté, les banquiers centraux et institutions internationales annoncent une inflation « persistante » et des tensions salariales excessives face à un marché du travail tendu, avec un risque de boucle prix-salaires. L’inflation se nourrit encore d’une demande « trop forte ». Difficile de croire qu’une telle divergence d’opinions persiste longtemps. Hors énergie, l’inflation ne peut que ralentir.
Christian Parisot est conseiller économique auprès du prestataire de services d'investissement Aurel BGC, dont il a été préalablement responsable de l’ensemble de la recherche, et Chef Economiste entre 2006 et 2021. Titulaire d’un diplôme universitaire, il a débuté en 1996 sa carrière d’économiste de marché à la Caisse Centrale des Banques Populaires (devenue ultérieurement Natixis) avant de rejoindre Aurel un an plus tard.
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