Envisager un profil en « V »
Les économies développées sont confrontées à trois adversités qui les conduiront en récession. D’abord, les stocks se sont fortement reconstitués dans beaucoup d’entreprises industrielles, si bien qu’elles sont désormais vulnérables à une baisse des carnets de commandes. Ensuite, même s’il y a des boucliers tarifaires, la hausse du prix des matières premières énergétiques pénalisera la demande, singulièrement en Europe. Enfin, aux Etats-Unis, le resserrement de la politique budgétaire et surtout de la politique monétaire amènera l’économie en récession.
Pour autant, les récessions ne sont pas toutes insurmontables. Les plans d’investissement publics (Next Generation EU en Europe, Inflation Reduction & Chip Acts aux Etats-Unis) forcent progressivement tous les agents économiques à allonger leur horizon.
L’investissement des entreprises redémarre : ainsi, en France, le taux d’investissement (poids des investissements dans le PIB) est sur des plus hauts depuis 50 ans. Et si l’investissement reste dynamique, les entreprises auront besoin de recruter pour changer leur modèle économique. Dans un monde en transitions, la perspective du plein emploi devient envisageable.
Les banques centrales elles aussi allongent l’horizon. Elles sont prêtes à assumer le coût à court terme sur la croissance et la stabilité financière de leur politique monétaire restrictive, pour assurer les perspectives de croissance à moyen-long terme.
Finalement, les économies développées vont certes s’enfoncer dans une récession sans doute marquée, mais il faudra aussi rapidement envisager la « sortie par le haut ».
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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