Evolutions de change : une histoire de dettes

Publié le 3 avril 2015 à 11h29    Mis à jour le 8 avril 2015 à 16h34

Christophe Morel

Les récents mouvements de change ne peuvent s’expliquer par les seules données économiques ou par les politiques monétaires. En effet, l’appréciation historiquement rapide du dollar (sur un an, elle s’établit à 20 %) intervient alors que les publications macroéconomiques ont été relativement défavorables aux Etats-Unis et dans un contexte où l’enveloppe anticipée de resserrements monétaires n’augmente pas.

Par ailleurs, la baisse de l’euro ne peut s’expliquer entièrement par le QE de la BCE puisqu’en change effectif, l’euro n’est pas tellement plus bas que ce qu’il était fin janvier.

En partie, les mouvements sur les devises ont d’autres déterminants. D’abord, la baisse du prix du pétrole engendre une baisse des revenus du commerce international et une rareté du dollar qui provoque alors son appréciation. Ensuite, le décrochage de l’euro intervient surtout en tout début d’année au moment du retour des incertitudes sur la Grèce et de la décision de la BNS de ne plus déprécier le franc suisse (parce qu’elle anticipe une poursuite de la baisse de l’euro).

Au final, le dollar est très lié au pétrole dont la situation est elle-même très liée au secteur de l’énergie aux Etats-Unis et à son endettement : des entreprises américaines du secteur de l’énergie, fortement endettées, continuent de produire pour servir leur dette, ce qui entretient la baisse du prix du pétrole. Et la baisse de l’euro traduit initialement l’incertitude autour de la dette grecque.

Ainsi, les récents mouvements de change reposent sur des problématiques d’endettement.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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