Fed vs BCE : les raisons du découplage
Les deux banques centrales ont récemment surpris les marchés. La Fed, en laissant la porte ouverte à une première remontée de ses taux le 16 décembre. La BCE, en déclarant réfléchir à un renforcement de son QE et à une nouvelle baisse de son taux de dépôt. Pour quelles raisons ?
Aux Etats-Unis, la croissance se maintient aux environs de 2 % et l’économie se rapproche du plein-emploi. La Fed avait annoncé que, dans de telles circonstances, elle commencerait à relever ses taux avant la fin de l’année. Les tensions financières et les craintes d’une diffusion du ralentissement chinois l’ont fait surseoir à cette décision en septembre. Or l’économie chinoise a envoyé depuis des signaux plutôt rassurants et la Bourse américaine a retrouvé son niveau du printemps. L’attention portée par les observateurs à un premier resserrement de la Fed est excessive. Il s’agit avant tout d’abaisser le degré exceptionnel d’accommodation monétaire à mesure que le cycle arrive à maturité ; l’absence d’inflation et le tassement de la croissance qui se profile d’ici 2017 empêchent une normalisation «à l’ancienne».
Dans la zone euro, le cycle n’en est qu’à ses débuts. La réappréciation de l’euro depuis août et la plus grande ouverture des économies de la zone ont fait craindre un «triple dip». La BCE est montée au front en se disant prête à mobiliser tous les instruments possibles pour ancrer les anticipations d’inflation.
Au final, la variable qui cristallise le mieux les attentes est l’euro, retombé sur son plus bas de juillet face au dollar. A la veille du comité de la Fed, il n’est pas dit que cela suffise à rassurer la BCE. Réponse le 3 décembre.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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