La BCE tourne la page des taux négatifs
Après avoir minimisé la hausse de l’inflation, la BCE a enfin pris la mesure du danger et doit rattraper son retard en mettant en œuvre une série de relèvements des taux pour la première fois depuis 11 ans. Mme Lagarde a déclaré qu’avant la fin du troisième trimestre, le taux de la facilité de dépôt, aujourd’hui à – 0,50 %, redeviendrait positif. Au-delà de septembre, la banque centrale va poursuivre son action en vue d’atteindre le fameux taux d’intérêt neutre, estimé aux environs de 1,50 %, celui qui soutient l’économie avec une inflation stabilisée. Or cette dernière, qui s’envole déjà à 7,8 % en zone euro, va continuer d’augmenter et rester élevée. Le risque de désancrage des anticipations inflationnistes devient palpable. Il pourrait rendre structurel l’accroissement des prix par un mécanisme d’auto-alimentation, les entreprises et consommateurs agissant comme si les prix allaient continuer à monter. Toutefois, une trajectoire de hausse des taux trop pentue présente un risque pour la croissance en zone euro, fragilisée par la pandémie et la guerre en Ukraine. Heureusement, la BCE peut s’appuyer sur un réel soutien budgétaire des Etats, la Commission européenne ayant suspendu les critères de Maastricht pour un an supplémentaire, jusqu’à la fin 2023.
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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