La consommation de pétrole en Chine : -4 % sur un an

Publié le 14 novembre 2014 à 16h42    Mis à jour le 14 novembre 2014 à 18h30

Patrick Artus

Jusqu’à une période récente, on pensait que la consommation mondiale de pétrole allait augmenter rapidement, de l’ordre de 1,5 % par an. Comme la capacité mondiale de production de pétrole augmente de 1 % par an, cela devait conduire en quelques années à une insuffisance de la production de pétrole, donc à un prix très élevé du pétrole. Une partie importante de la hausse de la consommation mondiale de pétrole devait venir de Chine, avec une hausse anticipée de 10 % par an environ de la consommation de pétrole en Chine, soit une hausse de 1 million de barils par jour environ de cette consommation. 

Mais les derniers chiffres sont très différents : sur un an, la consommation de pétrole en Chine n’a pas augmenté de 10 %, elle a baissé de 4 %. Si on lisse les évolutions, cette consommation est à peu près stable. Cela vient des évolutions récentes remarquables en Chine : stagnation de la production de voitures, d’électroménager, d’acier, de cuivre, d’électricité, de ciment, de textile… Le ralentissement économique important de la Chine explique la stagnation de la consommation d’énergie en Chine. 

Les conséquences pour l’équilibre du marché mondial du pétrole sont considérables. Si la stagnation de la consommation de pétrole en Chine se poursuit, la demande mondiale de pétrole n’augmentera dans le futur que de 700 à 800 000 barils par jour chaque année, alors que la capacité de production augmentera d’1 million de barils par jour chaque année. L’excès de capacité, déjà 6 millions de barils/jour aujourd’hui, continuera à augmenter, au lieu de se résorber. On l’a vu dans la période récente, l’Arabie saoudite ne veut plus être la seule à réduire sa production pour rééquilibrer le marché du pétrole. Si elle arrête de baisser sa production, le prix du pétrole, qui a déjà reculé de 115 dollars le baril à 83, pourrait reculer encore davantage, sous l’effet fondamentalement de la rupture dans la croissance de la Chine.

Patrick Artus Membre du Cercle des Economistes

Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.

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