La «guerre des changes» est perdue d’avance

Publié le 5 février 2016 à 11h32    Mis à jour le 12 février 2016 à 18h28

Didier Borowski

La décision surprise de la Banque du Japon (BoJ) d’abaisser ses taux en territoire négatif a ravivé les craintes d’une «guerre des changes». Les banques centrales cherchent-elles, ou chercheront-elles, à procéder à des «dévaluations compétitives» pour doper leur croissance?

La stratégie serait mal avisée car le commerce mondial est en berne et qu’il y a peu à gagner. Sans compter qu’à ce jeu, par nature non coopératif, elles ont aujourd’hui toutes les chances d’échouer.

Par certains côtés, la zone euro et le Japon sont dans une situation similaire : 1) l’euro et le yen sont sous-évalués (le second bien davantage que le premier), 2) les pressions déflationnistes n’ont pas disparu, et 3) la demande externe s’affaiblit. Inévitablement, la Banque centrale européenne et la BoJ interviennent (ou interviendront) pour «maintenir» leur devise sous pression.‎

Mais le problème est qu’il n’y a plus, en face, de candidat à l’appréciation, bien au contraire. Le dollar et le RMB sont surévalués, et le temps de la croissance rapide est révolu. La Chine comme les Etats-Unis sont en «récession industrielle». L’appréciation du dollar (+ 25 % depuis la mi-2014 en termes de taux de change effectif) n’est plus soutenable ; il en est de même du côté du RMB.

Comment sortir de cette impasse ? Peut-être en reconnaissant que le «vrai déficit» n’est pas tant celui de la compétitivité ou des finances publiques que celui de l’investissement. Les «manipulations» de change n’ont jamais créé de croissance très longtemps. Il existe en revanche partout des initiatives possibles du côté de la politique budgétaire qui, en stimulant la croissance mondiale‎, éviteraient de croiser le fer sur les devises.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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