La menace des flux de capitaux systémiques

Publié le 15 janvier 2016 à 15h19    Mis à jour le 15 janvier 2016 à 16h27

Thierry Million

La Bourse chinoise a donné le «la» à la tendance des actifs risqués dès la première ouverture des cotations en 2016, par une chute de 7 %. En effet, la combinaison de l’effondrement du cours des matières premières et de la hausse des taux directeurs de la Fed génèrent des mouvements de capitaux d’ordre systémique.

A son début, la baisse du pétrole jusqu’à 60 dollars le baril équilibrait globalement les effets négatifs et positifs entre producteurs et consommateurs. A 30 dollars, la pression budgétaire sur les pays producteurs est telle qu’elle crée une défiance généralisée envers les pays émergents. Celle-ci revient en boomerang via le canal financier sur les pays développés. En cause, l’énorme transfert de richesse de 2 000 milliards entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Privés de cette manne, les pays exportateurs affrontent des sorties de capitaux, provoquant un recul sensible de leurs marchés d’actions et des devises. Ainsi, la Bourse russe affiche déjà - 9 % et le rouble - 5 %, depuis le début de l’année.

De plus, la mise en place par la Chine d’une plus grande flexibilité de sa politique de change, dans un contexte de fragilité de son économie, fait fuir les capitaux spéculatifs étrangers. En conséquence, ses réserves de change ont déjà fondu de 700 milliards de dollars.

Les acteurs de marchés se réorientent donc vers des actifs réputés sûrs. Dans une situation où l’inflation n’est pas perçue comme une menace, un rendement de 2,25 % sur les obligations à dix ans du Trésor américain devient attractif. Surtout qu’il s’y ajoute un potentiel d’appréciation du dollar basé sur le relèvement anticipé des taux de la Fed.

Jusqu’à présent, les fondamentaux économiques des pays développés résistent aux assauts de ces flux de capitaux grégaires et aux corrélations entre les marchés financiers, mais pour combien de temps encore ?

Thierry Million Directeur de la gestion obligataire ,  Allianz Global Investors France

Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.

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